M. Ruto est arrivé au pouvoir en 2022 en promettant des améliorations économiques rapides pour la jeunesse kényane, qui ne se sont pas matérialisées. Des manifestations contre de nouveaux impôts, mais aussi contre la corruption massive et les violences policières ont fait des dizaines de morts dans le pays en 2024 et 2025.
«Nos perspectives s’éclaircissent et la confiance dans le Kenya augmente», a toutefois déclaré le président lors d’un discours à la nation, durant lequel il a notamment souligné la maîtrise de l’inflation et l’augmentation des exportations sous son mandat.
Il a affirmé vouloir construire 50 nouveaux méga-barrages dans un délai de cinq à sept ans, afin d’«augmenter considérablement la production d’énergie», et moderniser les routes et aéroports du pays.
Il a estimé son plan de grands travaux à 5.000 milliards de shillings kényans (38,5 milliards de dollars, soit 33,4 milliards d’euros), ce qui correspond à plus de 28% du PIB kényan (136 milliards de dollars, soit 118 milliards d’euros, selon le Fonds monétaire international), alors que le pays souffre d’un lourd endettement.
Ce montant, également destiné à améliorer l’éducation, l’eau et l’environnement digital, pourrait sembler «irréaliste» mais il est «impératif», a-t-il estimé.
L’argent proviendra notamment des revenus de privatisations, réinvestis dans un fonds national d’infrastructure dont la capitalisation sera, selon le président, multipliée par des investisseurs privés.
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«Pour chaque shilling investi à partir des produits de la privatisation, nous visons à attirer 10 shillings d’investisseurs à long terme», notamment des fonds de pension et des fonds souverains, a détaillé le président.
Interrogé par l’AFP, l’expert financier Aly-Khan Satchu a qualifié le plan présidentiel de «perspective lointaine à ce stade».
L’objectif affiché de 38,5 milliards de dollars d’investissements, «qui représente la moitié de la dette nationale, est trop ambitieux», a également jugé l’économiste XN Iraki.
L’important est «ce que les gens ordinaires ressentent dans leur vie quotidienne: emplois, loyers, nourriture et autres nécessités», a-t-il ajouté.
D’après la Banque mondiale, plus du tiers de la population vit sous le seuil de pauvreté au Kenya. Chaque année, un million de Kényans deviennent majeurs mais bien peu réussissent à trouver un travail déclaré.
Comme de nombreux pays africains, le Kenya est accablé par une dette extérieure massive, qui lui fait dépenser davantage pour le remboursement de ses intérêts que pour la santé et l’éducation.




