Placée sous le thème «Valorisation des produits halieutiques et préservation de la biodiversité aquatique pour une économie bleue», cette édition, les 27 et 28 mai, s’inscrit dans le cadre du référentiel Sénégal 2050, tout en étant en phase avec la vision de l’émergence à l’horizon 2025.
Pour Ibrahima Mbodj, député et président de la commission du développement rural, «la pêche occupe une place de choix dans cette politique de souveraineté alimentaire. Avec nos ressources halieutiques, nous pouvons nourrir le Sénégal et exporter le surplus».
Le salon a réuni pendant deux jours un large éventail d’acteurs: pêcheurs, aquaculteurs, chercheurs, décideurs publics, ONG et bailleurs. Une opportunité, selon l’organisateur Ben Matar Kane, «de partager des expériences, d’explorer des pistes de financement, mais surtout de bâtir ensemble une stratégie cohérente pour la protection de la biodiversité et la valorisation des produits halieutiques».
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À ses yeux, la pêche et l’aquaculture représentent bien plus qu’un secteur économique: «ce sont des piliers essentiels, garants de l’emploi, de la sécurité alimentaire et de la stabilité sociale».
Avec plus de 53.000 emplois directs et 500 000 indirects et 3,2% du PIB, en grande majorité dans la pêche artisanale et la transformation, l’enjeu est aussi bien social qu’économique. Les débarquements sont estimés à 500 000 tonnes par an dont 80% effectuées par la pêche artisanale.
Selon l’expert sénégalais Mamadou Diallo «les exportations de produits halieutiques rapportent 300 milliards francs CFA, soit 10% des exportations totales. La consommation annuelle par habitant est d’environ 29 kg au niveau national et peut aller jusqu’à 40 kg dans les villes côtières».
Cependant, le volume des captures par pirogue a diminué de 58% entre 2012 et 2019, dit l’ONG Environmental Justice Foundation. D’où l’intérêt porté par le chef de l’Etat à l’aquaculture qui fournit à peine 1% de la production halieutique du pays, soit 1.804 tonnes en 2023.
Avec cette première rencontre internationale, le Sénégal envoie un signal de sa volonté de reprendre le contrôle de ses ressources marines. Une reprise de contrôle qui est passée par le non-renouvellement par le Sénégal des accords de pêche avec l’Union européenne. Une décision saluée par les professionnels du secteur, qui y voient un tournant stratégique.
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Pour le député Ibrahima Mbodj, cette rupture «a permis de donner du courage aux acteurs sénégalais, de leur permettre de respirer et de voir l’avenir avec espoir».
En 2014, le Sénégal avait en effet signé un accord de pêche avec l’UE en contrepartie de 1,7 million d’euros par an, permettant aux navires européens de pêcher dans ses eaux territoriales. Renouvelé en novembre 2019 pour cinq ans, cet accord a pris fin le 17 novembre 2024. L’accord n’a pas été renouvelé depuis.
«L’Etat sénégalais a perçu seulement 6,5 milliards des 10 milliards de francs CFA attendus de l’Union européenne" avait déclaré, en décembre 2024, la ministre sénégalaise des Pêches et des infrastructures maritimes et portuaires, Fatou Diouf.
Derrière les discours et les stands du salon, c’est tout un pays qui semble vouloir renouer avec son identité maritime.