Les ports africains figurent parmi les moins performants au monde. C’est l’une des révélations phares de l’indice mondial Indice mondial de performance des ports à conteneurs 2022 (CPPI) récemment publié par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence. Ce rapport évalue l’efficacité des ports à conteneurs, en mesurant le temps écoulé entre l’arrivée d’un navire au port et son départ du poste d’amarrage, une fois l’échange de cargaison effectué. Au total, 348 ports ont été étudiés dans cette troisième édition du CCPI.
Le port Tanger Med, 4ème au niveau mondial et premier en Afrique, fait figure d’exception. La plateforme marocain, qui a progressé de deux rangs par rapport au classement 2021, confirme ainsi sa forte croissance et ses brillants résultats de ces dernières années. Le complexe portuaire est en train de construire son quatrième terminal à conteneurs (TC4) dénommé APM Terminals MedPort Tangier, pour un investissement de plus de 800 millions de dollars.
Le TC4, géré par l’opérateur néerlandais APM Terminals, avait atteint, en octobre 2021, un record du plus grand nombre de conteneurs Equivalent vingt pieds (EVP) chargés sur un navire, avec 17.906 EVP acheminés sur Madison Maersk, un paquebot de 399 mètres d’une capacité de 18.330 EVP. Une fois ses travaux achevés au premier trimestre 2025, ce terminal d’une capacité de 5 millions d’EVP permettra à Tanger Med d’atteindre 9 millions d’EVP, pour détenir la première capacité portuaire en Méditerranée.
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Port Said (Egypte), 10ème mondial, occupe la 2ème place sur le continent, devant le port de Djibouti (26ème mondial), le port de Berbera (Somaliland) 144ème mondial, et le port de Casablanca (159ème). Les ports égyptiens d’El Dekheila et de Damiette, de Conakry, de Dakar, et de Matadi (RDC) ferment le Top 10 continental.
Top 10 des ports à conteneurs les plus performants en Afrique en 2022
Ports | Classement Afrique | Classement mondial |
---|---|---|
Tanger Med (Maroc) | 1er | 4ème |
Port Said (Egypte) | 2ème | 10ème |
Port de Djibouti | 3ème | 26ème |
Port de Berbera (Somaliland) | 4ème | 144ème |
Port de Casablanca | 5ème | 159ème |
Port El Dekheila (Egypte) | 6ème | 172ème |
Port de Damiette (Egypte) | 7ème | 173ème |
Port de Conakry (Guinée) | 8ème | 189ème |
Port de Dakar Sénégal) | 9ème | 196ème |
Port de Matadi (RDC) | 10ème | 197ème |
Source: Indice mondial de performance des ports à conteneurs 2022 (CPPI), Banque mondiale.
De grands ports d’Afrique subsaharienne tels que le Port de Pointe-Noire (35ème) et 315ème mondial, le Port de Kribi au Cameroun (37è) et 324ème mondial, le Port de Dar Essalam en Tanzanie (34ème) et 312ème mondial, le Port de Mombassa au Kenya (38e en Afrique) et 326ème mondial, ou encore le Port d’Abidjan (42e) et 333èmes mondial, ne figurent même pas dans le Top 20 en Afrique. En effet, d’après le rapport, la majorité des ports africains pâtissent de la durée excessive des cycles de chargement/déchargement, ce qui fait peser un risque constant de perturbation sur la chaîne logistique.
Au niveau mondial, c’est le port chinois de Yangshan, 4ème lors du précédent classement, qui domine le classement, suivi des ports de Salalah (Oman) de Khalifa (Abu Dhabi). Soit trois ports de la région Moyen-Orient Afrique du Nord se sont dans le Top 5 mondial.
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Globalement, la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence constatent, dans ce rapport de 89 pages, une nette amélioration des opérations portuaires dans le monde en 2022, après les conséquences de la pandémie de Covid-19. «Les difficultés causées par la pandémie de Covid-19 et ses conséquences sur le secteur se sont atténuées en 2022, une atténuation qui s’est poursuivie au début de l’année 2023. Cela s’est traduit par une amélioration de la congestion portuaire et une réduction des perturbations logistiques, qui a eu un impact positif sur la performance et le classement de certains ports», expliquent-ils.
Toutefois, les ports pourraient être plus compétitifs dans certains domaines à condition d’accroître leur productivité et d’améliorer la qualité de leurs services en dématérialisant davantage les procédures et en modernisant les infrastructures, précisent-ils.
Selon les deux partenaires, l’objectif est d’identifier les lacunes des infrastructures portuaires commerciales et à émettre des recommandations pour permettre aux Etats, compagnies maritimes, opérateurs de ports et de terminaux, affréteurs, entreprises de logistique et consommateurs, d’améliorer leurs performances dans ce domaine.