Selon le baromètre des risques 2024 d’Allianz, l’Afrique fait face à d’importants défis en matière de cybersécurité, de résilience opérationnelle et de durabilité. Ces risques menacent la compétitivité et la pérennité des entreprises sur le continent.
Illustration du risque de catastrophes naturelles : la ville de Derna, dans l’Est de la Libye, ravagée par les inondations, le 16 septembre 2023.. DR
Le risque numéro un en Afrique et au Moyen-Orient est les incidents cyber selon 33% des répondants, en hausse par rapport à 2023. «Les incidents cyber représentent le risque le plus préoccupant en Afrique pour les entreprises de toutes tailles et est la cause d’interruption d’activité que les entreprises craignent le plus», souligne Patrick Thiels, Directeur Général Allianz Commercial pour la région, lors du point de presse organisé le jeudi 18 avril à Casablanca.
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La recrudescence des violations de données et des attaques malveillantes par ransomwares inquiète particulièrement. Dans un monde hyperconnecté, la moindre faille peut paralyser des entreprises voire des infrastructures critiques. Une cyberattaque d’ampleur pourrait avoir des répercussions systémiques majeures. Les entreprises africaines doivent donc renforcer d’urgence leurs défenses informatiques.
Le deuxième risque en Afrique est les interruptions d’activité (22% des répondants), lesquelles peuvent résulter de la dégradation des chaînes d’approvisionnement ou d’incidents cyber, incendies, catastrophes naturelles, etc. «Les entreprises doivent renforcer leur résilience et diversifier leurs chaînes d’approvisionnement dans un monde qui évolue rapidement», prévient Allianz.
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La résilience opérationnelle est mise à rude épreuve par les défaillances d’infrastructures critiques vieillissantes (4ème risque à 21%), mais aussi par les catastrophes naturelles dévastatrices (6ème risque, nouveauté 2024). Patrick Thiels évoque «des conditions météorologiques extrêmes dans le monde entier » avec des « sinistres liés aux orages violents [battant] un record historique». Il prend pour exemple les récentes inondations à Dubaï, qui ont pris de nombreuses personnes de court.
Le changement climatique (10ème risque à 16%) amplifie ces aléas et menace la pérennité de nombreux modèles économiques sur le continent. Une transition énergétique et productive s’impose mais les investissements requis sont considérables. «Les organisations affichant des objectifs ambitieux en durabilité peuvent être considérées comme ne faisant pas assez», constate la compagnie.
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Sur le plan macroéconomique (3ème risque), l’inflation galopante fragilise de nombreux pays même si «le Maroc affiche une bonne performance par rapport aux autres pays d’Afrique du Nord», nuance Maxime Darmet, économiste Senior chez Allianz. Les marges de manœuvre monétaires se réduisent alors que les prix de l’énergie restent volatils. De lourdes incertitudes planent sur la croissance future.
Les entreprises africaines font également face à un risque juridique et réglementaire majeur (5ème risque) entre les bouleversements de la gouvernance des données et de l’IA, les nouvelles obligations ESG, le protectionnisme ou encore les instabilités politiques chroniques sur le continent (7ème risque).
Les 10 principaux risques en 2024 pour la région Afrique & Moyen-Orient
Risques | Classement dans le baromètre Allianz 2024 | Classement dans le baromètre Allianz 2023 |
---|---|---|
Incidents cyber (exemple : cyber crimes, interruptions de service/réseau IT, logiciels malveillants /ransomware, violation de données, amendes et sanctions) | 1er | 2ème |
Interruptions d’activité (y compris les perturbations de la chaîne logistique) | 2ème | 3ème |
Evolutions macroéconomiques (exemple : inflation/déflation, politiques monétaires, programmes d’austérité) | 3ème | 1er |
Pannes (exemple : panne d’électricité) | 4ème | 8ème |
Evolutions législatives & réglementaires (exemple : guerres tarifaires, sanctions économiques, protectionnisme, désintégration de la zone euro) | 5ème | 5ème |
Les catastrophes naturelles (exemple : tempête, inondation, tremblement de terre, feu de forêt, événements climatiques extrêmes) | 6ème | n’y figure pas |
Risques politiques (exemple : instabilité politique, guerre, terrorisme, coup d’état, conflits sociaux, grèves, émeutes, pillages) | 7ème | 6ème |
Crise énergétique (exemple : pénurie/rupture d’approvisionnement, fluctuations des prix) | 8ème | 8ème |
Vol, fraude et corruption | 9ème | 7ème |
Changement climatique (exemple : risques physiques, opérationnels et financiers résultant du réchauffement climatique) | 10ème | 4ème |
Dans ce contexte adverse, une approche globale et intégrée de la gestion des risques s’impose selon Allianz. Cybersécurité, résilience opérationnelle, transition énergétique et numérique mais aussi stabilité macroéconomique et juridique sont autant d’impératifs intimement liés pour la compétitivité durable des entreprises africaines.
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«La résistance est mise à l’épreuve », conclut Allianz, qui liste de «nombreux pays africains à risque élevé» comme le Mali, le Burkina Faso ou la Libye. Seul le Botswana affiche un risque faible selon Allianz Research. Autant dire que l’adaptation aux nouveaux défis sera déterminante pour l’avenir économique du continent.