Légumes importés du Maroc: la surtaxe douanière fait flamber l’assiette du consommateur mauritanien

Des fruits et légumes au Marché Marocain de Nouakchott.

Le 28/02/2025 à 17h16

VidéoLe prix de l’emblématique tomate mise à toutes les sauces durant ramadan a pratiquement doublé en raison de la surtaxe imposée aux produits agricoles importés, notamment du Maroc. A Nouakchott, importateurs, détaillants et consommateurs en témoignent.

Instaurée pour la première fois en 2024 par le gouvernement mauritanien, dans le cadre de loi de finances rectificative, cette surtaxe sur les légumes importés a été reconduite par la loi de finances 2025. Ainsi, la taxe appliquée sur les légumes importés est passée de 13,73% en temps normal à 39,23% durant la période d’application de la surtaxe.

Selon les explications des autorités mauritanienne cette surtaxe s’applique durant la période qui coïncide avec la récolte des produits nationaux qui commence à la mi-février et s’étend jusqu’à fin juin. La loi de finances 2025 précise que «la période sera prolongée pour les tomates et les oignons jusqu’à la fin août de chaque année.»

Par effet domino, cet ingrédient rajouté par la Mauritanie pour protéger ses productions maraichères, s’est retrouvé dans l’assiette du consommateur. La tomate mise à toutes les sauces surtout pendant le mois de jeûne a connu une véritable flambée de ses prix. Ce phénomène de hausse concerne également d’autres légumes comme la pomme la pomme de terre, les choux,...

Hamza ould Abdallahi, vendeur de légumes mauritanien explique que «le coût élevé des produits importés fait flamber les prix au détail, se répercute sur les petites bourses et le panier de la ménagère. Nous demandons aux autorités de réduire la surtaxe douanière. Avant, le kilo de tomate se vendait entre 16 et 18 ouguiyas, aujourd’hui, il est passé 32 ouguiyas».

L’explication de cette hausse est donnée par Said, grossiste marocain, «avant, on payait 72.000 ouguiyas pour la charge d’un gros camion de légumes et 50.000 ouguiyas pour un camion de tonnage inférieur. Aujourd’hui, on paie 175.000 ouguiyas pour le plus gros camion et 120.000 ouguiyas, pour la charge d’un camion de tonnage inférieur». Le grossiste marocain tient à préciser que cette surtaxe touche de nombreux légumes, «notamment les tomates et les carottes.»

En bout de chaîne arrive Khadijettou mint Bowa qui voudrait bien repartir avec un panier bien rempli, et ce n’est pas gagné, «la tomate importée du Maroc est devenue trop chère. Avant-hier, le kilogramme coûtait 32 ouguiyas, celui de la carotte est à 25 ouguiyas. La tomate de Mauritanie coûte moins cher, mais sa qualité laisse à désirer. Avec une caisse qui coûte 120 ouguiyas, le poivron est aussi cher» regrette celle qui peine à remplir son panier.

Face à ces hausses des prix des légumes, certains consommateurs se tournent vers les légumes produits en Mauritanie, particulièrement à Rosso. Vendus à des prix de beaucoup inférieurs aux produits agricoles importés, ces légumes ne semblent satisfaire les exigences des Mauritaniens.

Rappelons que la surtaxe sur les légumes importés a été instaurée pour la première fois en 2024 par le gouvernement mauritanien, dans le cadre de loi de finances rectificative. Elle concerne les légumes importés par la Mauritanie quelle que soit l’origine géographique de ces produits.

Seulement, malgré les importations en provenance des Pays-Bas, de l’Égypte, du Sénégal et de la Turquie, le Maroc demeure le premier pourvoyeur de légumes du pays. Du coup, le bien nommé «Marché marocain» de Nouakchott sert de baromètre du marché mauritanien des légumes.

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 28/02/2025 à 17h16