En dépit de la conjoncture économique mondiale difficile, les transferts des migrants au niveau mondial continuent de croître. En 2022, selon les projections de la Banque mondiale (BM), ceux-ci devraient évoluer de 4,9% pour s’établir à 626 milliards de dollars. Il s’agit d’une croissance en baisse de moitié par rapport à celle enregistrée en 2021.
Pour ce qui est du continent africain, qui a le plus besoin de ces transferts de fonds du fait qu’il subit plus fortement les impacts de l’envolée des prix mondiaux des produits de base énergétiques et alimentaires, ainsi que les effets des fortes sécheresses qui frappent certaines de ses régions, les transferts devraient continuer à augmenter en 2022 et 2023.
En Afrique subsaharienne, les transferts des migrants vont croître de 5,2%, contre 16,4% l’année dernière, pour atteindre 53 milliards de dollars. Pour la région Afrique du Nord et Moyen-Orient (Mena), les transferts devraient croître de 2,5%, contre 10,5% en 2021, à 63 milliards de dollars. Au total, le continent devrait voir les transferts de ses diasporas dépasser les 100 milliards de dollars en 2022, selon les estimations établies par la BM.
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A l’instar des années précédentes, c’est l’Egypte qui conserve son rang de premier récepteur des transferts de migrants vers Afrique. En 2022, le montant des transferts devrait atteindre 32,3 milliards de dollars. Avec une diaspora de plus de 10 millions de membres, dont une bonne partie est installée dans les pays du Golfe, les transferts constituent la première source de devises du pays.
Voici le Top 10 africains des pays bénéficiaires des transferts des migrants en 2022
| Rang | Pays | Montant (en milliards de dollars) |
| 1er | Egypte | 32,30 |
| 2e | Nigeria | 20,90 |
| 3e | Maroc | 11,40 |
| 4e | Ghana | 4,70 |
| 5e | Kenya | 4,10 |
| 6e | Sénégal | 2,70 |
| 7e | Tunisie | 2,10 |
| 8e | Zimbabwe | 2,00 |
| 9e | Algérie | 1,80 |
| 10e | République démocratique du Congo | 1,70 |
Source: Banque Mondiale
Le pays des pharaons devance le Nigeria, pays le plus peuplé du continent et qui dispose d’une forte diaspora aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, dont les transferts de fonds devraient atteindre 20,9 milliards de dollars cette année.
Le Maroc arrive en troisième position avec des transferts estimés à 11,4 milliards de dollars en 2022 grâce notamment à sa forte diaspora installée dans les pays de l’Union européenne (France, Espagne, Belgique, Pays-Bas…).
Outre ces trois pays, le top 10 continental inclut le Ghana (4,7 milliards de dollars), le Kenya (4,1 milliards de dollars), le Sénégal (2,7 milliards de dollars), la Tunisie (2,1 milliards de dollars), le Zimbabwe (2,0 milliards de dollars), l’Algérie (1,8 milliard de dollars) et la République démocratique du Congo (1,7 milliard de dollars).
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D’autres pays qui devraient figurer parmi les principaux bénéficiaires des transferts des migrants en Afrique sont l’Ouganda (1,1 milliard de dollars), le Mali (1,1 milliard de dollars), l’Afrique du Sud (1,0 milliard de dollars) et le Soudan (1,0 milliard de dollars).
Par ailleurs, la décélération de la croissance des transferts de fonds enregistrée cette année devrait se confirmer l’année prochaine. «En 2023, les flux devraient encore ralentir, à 3,9%, en raison de la persistance d’une conjoncture défavorable dans le monde et dans les pays sources de la région», selon l’institution de Bretton Woods.
Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette baisse. Il y a d’abord l’inflation qui a un impact négatif sur les revenus réels des migrants. En réduisant le pouvoir d’achat des migrants, qui figurent parmi les plus touchés par la flambée des prix du fait de la faiblesse globale de leurs revenus salariaux, cela entraine inéluctablement une baisse des montants transférés.
Ensuite, sachant qu’un nombre important de migrants africains sont installés en Europe, la dépréciation des monnaies européennes (euro, livre sterling…) vis-à-vis du dollar durant une partie de l’année a aussi impacté les montants transférés en réduisant la valeur en dollars des envois d’argent vers le continent.
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En outre, au cours des années Covid-19, les migrants avaient augmenté les montants transférés afin de soutenir leurs familles restées au pays et qui étaient durement affectées par les effets de la crise sanitaire. Cependant, la situation étant revenue à la normale dans presque tous les pays africains, les migrants ont aussi revu les montants transférés à la baisse.
Enfin, les coûts des transferts continuant d’augmenter dans certains pays, une partie des transferts des migrants passe par des canaux parallèles et ne sont pas enregistrés dans les statistiques officielles.
Par ailleurs, si l’Egypte, le Nigeria et le Maroc dominent en ce qui concerne les envois de fonds, si l’on considère toutefois le montant des transferts rapporté au Produit intérieur brut (PIB), c’est la Gambie qui bénéficie le plus des transferts de sa diaspora. Ces derniers devraient représenter 28,3% du PIB en 2022, devant le Lesotho (21,0%), les Comores (20,1%), le Cap-Vert (18,2%) et la Guinée-Bissau (11,0%).
Globalement, pour les pays récepteurs, les transferts de fonds des migrants ont des impacts positifs sur les économies. Ils contribuent à améliorer le niveau des réserves en devises du pays, à réduire la pauvreté, à améliorer la situation nutritionnelle et à soutenir la scolarisation des enfants des familles réceptrices.
