Il est très difficile de livrer des données exactes sur le marché de l’emploi en Afrique, chaque pays et zone économique a ses propres réalités. Mais une tendance se dégage partout en Afrique: le secteur de l’agriculture, qui a de beaux jours devant lui, demeure un grand réservoir d’emplois où viennent s’approvisionner les jeunes africains à la recherche d’un emploi.
Pour ce qui est des métiers dits «cool» et des postes de cadre, «ce que nous constatons c’est que ce sont les commerciaux qui ont actuellement le vent en poupe et en particulier les directeurs commerciaux qui sont très recherchés», souligne Mouhamadou Lamine Niang, directeur Afrique de Xpertize Africa, un acteur international dans le domaine des Ressources Humaines qui accompagne de nombreuses entreprises sur l’ensemble du continent africain.
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Selon notre interlocuteur sénégalais, si ces profils sont très recherchés c’est que de nombreuses structures ont connu un retard dans leurs objectifs annuels, compte tenu de la conjoncture dans un contexte de reprise post covid et son lot d’appréhensions. Aujourd’hui, l’horizon semble s’éclaircir et les entreprises cherchent à finir l’année en beauté en tablant notamment sur leurs commerciaux.
En parallèle, poursuit Lamine, les métiers du développement informatique et de l’intelligence artificielle sont également très demandés. «Depuis l’avènement de la crise liée au Covid, les solutions digitales à distance et l’e-commerce ont connu un grand boom en Afrique», constate le spécialiste notant que les entreprises ont une grande demande pour les tâches liées à la sécurité informatique, en particulier dans le secteur bancaire qui se modernise davantage sur le continent.
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Un constat que partage la start-up Ibraci Links spécialisée dans l’hébergement web, entre autres services. En 2023 en Afrique, «les développeurs Web sont de plus en plus impliqués dans la prise de décision stratégique au sein des entreprises», explique la plateforme avant d’encourager vivement les jeunes du continent à embrasser davantage les métiers de l’IT, lesquels sont « très recherchés et offrent de nombreuses opportunités de carrières passionnantes».
Reste maintenant pour les recruteurs qui s’orientent davantage vers l’efficience à relever les défis de la mobilité pour leurs futures recrues. Si les barrières géographiques demeurent de moins en moins problématiques sur le continent, les barrières de la langue, elles, ont encore la peau dure. Une nouvelle recrue ivoirienne qui débarque à Lagos si elle ne parle pas anglais, elle aura sans doute du mal à s’intégrer. Les chefs d’entreprises doivent également faire face à une dure réalité du marché de l’emploi: l’économie numérique manque cruellement d’ingénieurs.
Si la généralisation du système LMD commence à porter ses fruits et que la création d’écoles spécialisées se multiplient en Afrique, que ce soit en Côte d’Ivoire, au Sénégal ou encore au Maroc, au rythme où se transforme le continent, la guerre des talents IT ne fait que commencer. C’est d’autant plus vrai que les compétences informatiques africaines, indispensables aujourd’hui à la croissance des entreprises, sont très attractives et très recherchées dans les pays développés en raison de leurs coûts relativement bas par rapport à ceux des talents en Europe par exemple.