Mali: qu’est-ce qui explique la raréfaction des nouveaux billets de banque?

Une personne tenant dans sa main de vieux billets du francs CFA à Bamako.

Le 08/09/2025 à 09h08

VidéoLes billets neufs se font rares, laissant place aux vieilles coupures et aux pièces usées, seule monnaie d’échange dont disposent commerçants et clients. Mais alors d’où proviennent les billets fraichement imprimés que l’on distribue lors des fêtes? Chacun a sa petite idée.

Cette situation suscite de nombreuses interrogations au sein de la population et des commerçants.

Selon l’expert en finance de marchés et membre du Conseil national de transition (CNT), Fousseynou Ouattara, «c’est la BCEAO qui est chargée de la ramification des billets de banque auprès des banques de second rang. C’est elle également qui est chargée de retirer les billets usés de la circulation et de les remplacer par de nouveaux». D’après lui, «il ressort des constats que récemment, les billets usés ne sont pas remplacés surtout dans les trois pays de l’Alliance des États du Sahel (AES)».

Il explique qu’«il y a des codifications sur ces billets qui désignent l’appartenance de ces billets aux trois pays de l’AES. Chacun doit comprendre pourquoi les trois désirent créer leur propre monnaie». Il craint la démonétisation des anciens billets de banque.

Fousseynou Ouattara fait allusion au souhait, exprimé en novembre 2023, des ministres des Finances des trois pays de l’AES (Mali, Niger et Burkina Faso) qui avaient déclaré qu’ils étudieraient la possibilité de créer une Union monétaire, ce qui suppose la mise en circulation d’une monnaie unique aux trois pays. A cette date, les argentiers des trois pays avaient voté, à des degrés divers, en faveur de l’abandon du franc CFA.

Pour sa part, Issa Diakité commerçant, dira que «quand on n’a pas de solution à un problème, on est obligé de rester inactif» . Il ajoute que les vieux billets de 500 et de 1.000 fcfa leur causent de sérieux problèmes. Pour lui, «beaucoup de personnes acceptent les billets usés à cause de la conjoncture économique que connaît le pays». Il ajoute que «les clients ont compris et c’est pour cela qu’ils n’exigent plus de nouveaux billets».

Face à une pénurie de billets neufs dans les circuits bancaires officiels, un marché clandestin s’est développé pour l’approvisionnement en billets neufs lors des événements sociaux (mariage, baptême...) durant lesquels on distribue de l’argent, de préférence des billets neufs qui proviennent de canaux informels, parfois liés à des réseaux bancaires ou à des circuits non régulés.

Par Diemba Moussa Konaté (Bamako, correspondance)
Le 08/09/2025 à 09h08