Les minéraux critiques d’Afrique n’en finissent pas d’attiser les convoitises. Après la Chine, les Etats-Unis, et l’Union Européenne, c’est autour du Royaume-Uni de s’intéresser à ces précieuses ressources du sous-sol africain. Londres a décidé de financer une étude qui vise à identifier les projets susceptibles d’attirer des investissements dans ces minéraux stratégiques comme le cobalt, le lithium, et le graphite dans plusieurs pays du continent.
L’annonce a été faite par le haut-commissaire britannique en Afrique du Sud Antony Phillipson, le 18 octobre, lors de la conférence Critical Minerals Africa qui s’est déroulée au Cap. «Nous sommes déterminés à accroitre nos investissements sur le continent et à renforcer la transparence et la résilience de la chaine d’approvisionnement en minerais essentiels, afin de créer des emplois verts en Afrique tout en prenant des mesures contre le changement climatique», a déclaré M. Phillipson.
D’après le média sud-africain spécialisé Mining Weekly, quatorze pays ont été ciblés: Afrique du Sud, RDC et Zambie (principaux producteurs de cobalt et de cuivre en Afrique) et cobalt), Zimbabwe (1er producteur de lithium en Afrique), Malawi, Madagascar (2ème producteur de graphite sur le continent, avec plus de 10% du graphite mondial d’ici 2030), Tanzanie, Kenya, Rwanda, Maroc, Guinée, Ghana, Angola et Guinée équatoriale.
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Cette étude, dont le financement s’élève à 1,05 million de dollars, sera réalisée par le Boston Consulting Group (BCG) à partir de la semaine du 23 octobre, et devrait s’achever d’ici la fin de l’année. Outre les opportunités d’investissements, les experts du cabinet américain identifieront aussi les opportunités les plus bancables pour ces pays dans la transformation de ces matières premières, ainsi que les principales contraintes qui entravent leur mise en œuvre.
Des concurrents de taille en Afrique
Cette annonce intervient à six mois du deuxième sommet Royaume-Uni/Afrique sur l’investissement en Afrique qui sera organisé par le Royaume-Uni les 23 et 24 avril 2024 à Londres. Un rendez-vous qui se déroulera quatre ans après le premier sommet de 2020 marqué la signature de contrats d’une valeur de 7,7 milliards de dollars entre des entreprises africaines et britanniques et des engagements d’investissement de 10,6 milliards de dollars.
Dans cette course aux minerais africains, le Royaume-Uni devra faire face à la forte rivalité de la Chine et des Etats-Unis, des concurrents qui ont déjà pris une certaine longueur d’avance, principalement dans l’exploitation du lithium. Un duel pour l’or blanc où Pékin a largué son concurrent américain.
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L’UE figure également dans ce sprint stratégique. Lors du Forum économique de Kinshasa en mars 2023, l’organisation avait annoncé des négociations avec la RDC pour l’aider à mettre en place un hub régional pour la production de batteries pour véhicules électriques. Une manière pour l’UE de permettre à ses pays membres de sécuriser leurs approvisionnements pour les voitures électriques, après la validation par le Parlement européen, en juin 2022, de la fin des ventes de voitures thermiques neuves dans le vieux continent à partir de 2035.
Le souhait de ces puissances d’investir dans les minéraux critiques en Afrique, essentiels dans la fabrication des batteries pour véhicules électriques, ne doit rien au hasard. D’après le Fonds monétaire international (FMI), la valeur de ces métaux devrait se multiplier par un facteur 6 d’ici 2030 pour répondre à la forte demande des constructeurs de véhicules électriques. Un marché qui carbure actuellement à grande vitesse.