Le secteur des motos-taxis électriques carbure à grande vitesse en Afrique. Ces dernières années, de nombreuses plateformes internationales de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) et startups spécialisées dans la mobilité verte multiplient les investissements dans ce moyen de transport écolo.
Dernière en date, la mise en service de 3.000 motos-taxis à Nairobi, au Kenya, annoncée par Uber le 31 août dernier, en partenariat avec Greenwheels Africa, une entreprise spécialisée dans l’électrification des motos. D’après la célèbre plateforme, ces e-motos qui seront déployés dans les autres villes du pays, permettront de réduire les coûts de 30 à 35% pour les chauffeurs et de 15 à 20% sur les tarifs, par rapport aux véhicules à essence.
L’entreprise américaine n’est pas la seule sur le marché kenyan. Elle y rivalise avec d’autres entités, principalement Spiro, fondée en 2022 et soutenue par Africa Transformation and Industrialization Fund (ATIF), un fonds d’investissement spécialisé dans l’industrie et le développement économique en Afrique.
Au lendemain de la sortie d’Uber, le 1er septembre, cette start-up indienne spécialisée dans la mobilité électrique annonce à son tour lancer un million de motos-taxis électriques à Nairobi, en partenariat avec le gouvernement kenyan. Elle envisage aussi d’y déployer 3.000 stations de chargement de batteries, sans dévoiler un calendrier précis pour ces deux projets.
Le Kenya, un marché prometteur
Le choix du Kenya par les deux entreprises pour investir est loin d’être anodin. L’usage des motos-taxis, communément appelés boda boda dans le dialecte local, est en plein essor dans ce pays d’Afrique de l’Est. Le secteur emploie pas moins de 1,5 million de personnes, principalement des jeunes. Ce secteur injecte chaque année 1,4 milliard de dollars dans l’économie nationale, selon la Banque mondiale.
Mieux, le gouvernement a mis en place une stratégie de transition énergétique dont l’objectif est qu’au moins 5% des véhicules immatriculés dans le pays soient électriques d’ici 2030, contre moins de 1% actuellement.
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Outre le Kenya, Spiro est également active en Ouganda. En avril dernier, la jeune pousse a noué un partenariat avec le gouvernement pour la mise en circulation de 140.000 motos-taxis électriques d’ici cinq ans, soit près de 90% des taxis enregistrés à Kampala, selon Bloomberg, et 3.000 stations d’échange de batterie dans le pays. D’après les clauses de cet accord, les chauffeurs de motos certifiés pourront échanger gratuitement leurs véhicules à essence contre ces motos.
Début août 2023, Spiro qui déploie aussi ses moteurs électriques au Benin et au Togo, avait annoncé son intention de doubler son offre de motos-taxis électriques en Afrique (un parc d’au moins 7.000 véhicules) après l’obtention d’un prêt de 63 millions de dollars auprès de la banque Société Générale.
Pour atteindre ses objectifs, la société qui assemble localement des motos fabriquées en Inde, prévoit de construire une usine de fabrication de motos électriques au Bénin en 2024 qui produira 15.000 engins et 31.000 batteries, et une autre en Ouganda.
L’entreprise technologique suédoise Roam accélère aussi la cadence dans ce secteur. Elle a inauguré le 25 juillet dernier au Kenya, une usine d’assemblage de motos électriques d’une capacité annuelle de 50.000 unités. D’une superficie de 10.000 m², ce site est considéré comme le plus grand du genre en Afrique de l’Est.
Rwanda, leader de la fabrication locale
Autre acteur majeur sur le marché Kenyan, STIMA, un manufacturier français spécialisé dans la technologie d’échange de batteries. Fin août 2022, l’entreprise a formé une coentreprise avec OneElectric, premier fabricant indien de motos électriques, pour déployer 3.000 motos électriques rechargeables au Kenya. D’autres pays africains sont également dans sa ligne de mire.
Trois mois plus tard, en novembre 2022, l’industriel s’associe à la startup estonienne de mobilité Bolt et la société de leasing de véhicules Mogo, filiale du groupe Eleving, pour lancer des stations d’échange de batteries, des solutions de financement en location-achat des motos électriques à Nairobi.
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Au Rwanda, un des précurseurs de la mobilité verte en Afrique, le secteur des motos-taxis carburent à fond. Kigali a bâti une solide industrie de fabrication locale et d’assemblage de ces engins et de batteries, avec comme principales locomotives Rwanda Electric Motors Ltd, Ampersand Rwanda et Safi Moto.
Le marché rwandais séduit également des entités étrangères. Le 11 octobre 2022, l’entreprise britannique Bboxx, spécialisée dans la fourniture de produits et services financiers en Afrique, avait signé un partenariat avec Ampersand Rwanda pour financer des milliers de motos-taxis électriques destinés à des chauffeurs locaux dans les années à venir.
Une croissance accélérée d’ici à 2040
Spiro souhaite aussi s’implanter dans ce pays et déployer 2 millions de motos électriques en 2030. A noter que la startup indienne et Bboxx (aussi active en RDC) s’est associée, en août 2023, pour fournir des solutions de paiement mobiles afin de faciliter l’acquisition de motos électriques à des conducteurs rwandais, kenyans et togolais.
Si l’industrie de la mobilité électrique est en pleine croissance en Afrique, c’est notamment grâce aux stratégies de transition énergétique de plusieurs pays. Outre le Kenya, le Bénin, et le Rwanda exonère les taxes d’importations et de droits de douane les véhicules électriques ou équipements pour les bornes de recharge de batteries, pour encourager la mobilité verte.
Et l’avenir s’annonce radieux pour ce secteur pourvoyeur d’emplois. Dans une étude intitulée «L’énergie au service de la mobilité: accélérer la transition vers le transport électrique en Afrique subsaharienne», publiée le 23 février 2022, McKinsey révélait que les ventes de motos et de scooters électriques devraient représenter entre 50 et 70% de parts de marché du secteur des deux-roues en Afrique d’ici à 2040.
Selon le cabinet américain, trois à quatre millions de motos électriques devraient être vendus chaque année d’ici cette échéance, au Nigeria et au Kenya, les deux plus gros marchés sur le continent.