Ce mégaprojet du groupe français, qui a fait l’objet d’un accord d’investissement de 10 milliards de dollars avec l’Ouganda, la Tanzanie et la compagnie chinoise CNOOC, comprend le forage de 419 puits dans l’ouest de l’Ouganda - dont un tiers dans le parc naturel de Murchison Falls - et la construction d’un oléoduc de 1.443 kilomètres pour les relier à la côte tanzanienne.
Défendu par le président Yoweri Museveni qui dirige l’Ouganda d’une main de fer depuis 1986, ce programme rencontre l’opposition de défenseurs de l’environnement, qui estiment qu’il menace le fragile écosystème et les populations de la région.
«Les défenseurs de l’environnement (...) sont régulièrement confrontés à des arrestations arbitraires, au harcèlement et aux menaces», affirme HRW.
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Parmi les 31 personnes interrogées par l’ONG, John Kaheero Mugisa, ancien président d’une association militant pour une juste compensation des personnes déplacées, affirme avoir été arrêté à plusieurs reprises et avoir vu sa santé se détériorer après sept mois en détention.
Jealousy Mugisha, l’une des personnes déplacées pour la réalisation du projet, s’est rendu en France, où 26 Ougandais et cinq associations françaises et ougandaises ont lancé une action civile pour demander «réparation» pour les «préjudices» qu’ils disent avoir subis.
Il affirme qu’à son retour, il a été détenu et interrogé pendant des heures à l’aéroport par des agents du gouvernement, qui lui ont lancé: «Vous n’êtes plus censé témoigner en France. Si vous y retournez, vous perdrez la vie».
L’ONG s’est également entretenue avec des étudiants arrêtés lors de manifestations contre le projet dans la capitale Kampala.
Un participant à l’un de ces rassemblements déclare avoir été battu par des agents de sécurité en uniforme, certains utilisant « des matraques, des crosses de fusil et (...) leurs bottes pour nous marcher sur la tête ».
«Cette répression a créé un environnement effrayant qui étouffe la liberté d’expression sur l’un des projets d’énergie fossile les plus controversés au monde», déplore Felix Horne, chercheur à HRW, appelant à «mettre fin aux arrestations arbitraires».
Les autorités ougandaises n’ont pas répondu aux sollicitations de HRW.
Interrogé par l’ONG et cité dans le rapport, la compagnie TotalEnergies a déclaré reconnaître «l’importance de protéger les défenseurs des droits humains et qu’elle ne tolérait aucune attaque ou menace contre ceux qui promeuvent pacifiquement et légalement les droits humains».
En septembre 2022, le Parlement européen s’était inquiété dans une résolution des «violations des droits de l’Homme» contre des opposants au projet en Ouganda et Tanzanie et demandait au groupe français d’étudier « la faisabilité d’un autre itinéraire permettant de mieux préserver les écosystèmes protégés et sensibles et les ressources en eau».
TotalEnergies assure que les personnes déplacées par le projet ont été équitablement indemnisées et que des mesures de protection de l’environnement ont été prises