Si l’accord entre le groupe China Molybdenum Company Limited (CMOC) et la Gécamines, société commerciale de droit privé détenue à 100% par l’Etat de la République démocratique du Congo (RDC) était tenu secret, la publication d’un document boursier a fini par en rendre public les termes.
En effet, en avril dernier, après plusieurs rounds de négociations et un déplacement du président Félix Tshisekedi en Chine, en mai dernier, tout semble rentrer en ordre entre les partenaires chinois et congolais.
La Gécamines reproche au groupe chinois de dissimuler des informations sur la taille des réserves du gisement dans le but de réduire le montant des redevances qu’elle doit lui verser.
Et pour solder le différend et des querelles judiciaires sur la question de la redevance minière, le groupe chinois, qui contrôle 80% de la mine de Tenke Fungurume, s’est engagé à verser 2 milliards de dollars à la Gécamines, selon TRT Africa. En détail, CMOC versera à la Gécamines 800 millions de dollars en paiement compensatoire et au moins 1,2 milliard de dollars de dividendes sur plusieurs années.
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Les gisements de Tenke Fungurume sont l’une des plus importantes réserves de cuivre et de cobalt connues au monde. La mine de Tenke Fungurume est la deuxième mine de cobalt au monde.
Suite au différend, la partie congolaise avait interdit l’exportation entre juillet 2022 et avril 2023 du cobalt et du cuivre et demandé à CMOC de partager toutes les informations concernant sa commercialisation et ses exportations de ces minerais. Elle avait aussi demandé la suspension de la production et de la commercialisation du cobalt, entrainant l’immobilisation de dizaines de milliers de tonnes de cuivre et de cobalt, sachant que la mine produit environ 20.000 tonnes de cuivre et 1.500 tonnes de cobalt par mois. Suite au règlement du différend, le groupe chinois a repris l’exportation de ses minerais.
Ce qui constitue un manque à gagner énorme pour la partie chinoise, la RDC étant le pays qui dispose des plus grandes réserves de cobalts et assure plus de 70% de la production mondiale du minerai.
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Ce règlement du différend intervient dans un contexte marqué par la volonté des autorités congolaises de renégocier les différents contrats miniers signés sous l’ancien régime du président Joseph Kabila. Des contrats signés dans des conditions opaques et qui désavantagent l’Etat congolais. Il s’agit de contrats signés essentiellement avec la Chine dans le cadre d’accords contrats miniers en échange d’infrastructures.
La RDC est un pays au sol très riches en minerais que certains la surnomme «un scandale géologique» avec des ressources minières importantes et diverses (cuivre, cobalt, coltan, or, diamants, lithium, graphite…). Elle détient à elle seule plus de la moitié des réserves mondiales prouvées de cobalt.
Malheureusement, ces richesses n’ont jusqu’à présent pas bénéficié au pays, mais aux multinationales étrangères qui les exploitent dans des conditions opaques en corrompant la classe politique dirigeante. D’où l’urgence à ce que les autorités congolaises revoit les contrats miniers qui sont globalement en défaveur de la RDC.