Depuis juin 2024 le Sénégal est entré dans le cercle restreint des pays producteur de pétrole suite à une découverte faite entre 2014 et 2016. Aujourd’hui, les citoyens s’impatientent. Pour Pape Traoré, chauffeur à Dakar, la situation est difficile à supporter. «Avant, avec 6.000 FCFA de carburant, on pouvait couvrir plusieurs jours, ce qui n’est plus du tout le cas aujourd’hui. Avec le même montant, on arrive à peine à rouler. Le carburant est très cher au Sénégal, malgré le fait que nous soyons désormais un pays producteur», déplore-t-il. Ce sentiment est partagé par de nombreux Sénégalais, frustrés de ne pas ressentir les retombées de l’exploitation des hydrocarbures sur leur quotidien.
Les défis techniques du raffinage local
Alioune Ndiaye, expert en développement international et auteur d’un ouvrage sur le pétrole et le gaz, tempère ces frustrations en apportant des explications. Selon lui, bien que le Sénégal produise désormais 100.000 barils de pétrole brut par jour, cela ne suffit pas à résoudre immédiatement les problèmes. «Il faut comprendre que c’est du pétrole brut, non raffiné. La Société Africaine de Raffinage (SAR) travaille actuellement à se positionner pour le raffinage local, mais cela prend du temps. Les consommateurs doivent encore patienter», précise-t-il.
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Malgré ces explications, Pape Traoré et Serigne M’baye Ndiaye, également chauffeur, insistent sur la nécessité de réduire les prix. Selon eux, une telle baisse aurait des effets positifs pour toute la population. «Si les prix du carburant baissaient, cela entraînerait automatiquement une diminution des tarifs de transport et du prix du gaz butane. Cela soulagerait les familles et relancerait l’activité économique», soutiennent-ils. Leur appel reflète l’urgence ressentie par de nombreux acteurs économiques et ménages sénégalais.
Pour Alioune Ndiaye, ces attentes sont compréhensibles mais prématurées. «Le Sénégal n’a rejoint le cercle des producteurs de pétrole qu’en juin dernier. En seulement six mois, il est impossible que cela ait un impact direct sur le panier des consommateurs. Il s’agit d’un processus complexe, avec des défis techniques, logistiques et économiques à relever», rappelle-t-il. L’expert souligne également que le raffinage local, initialement prévu pour 2024, a été repoussé à 2025, ce qui retarde les bénéfices espérés pour la population.
L’exploitation du pétrole et du gaz au Sénégal marque un tournant historique pour le pays, mais la route vers des retombées concrètes pour les consommateurs reste semée d’embûches. Alors que les attentes des citoyens s’intensifient, les réalités techniques et les délais nécessaires rappellent que la transformation d’un pays en producteur d’hydrocarbures est un processus de longue haleine. En attendant, les Sénégalais continuent d’espérer que cette richesse nationale finisse par alléger leur quotidien.