L’hiver s’installe et vous redoutez déjà les longues et froides nuits du fait du manque d’ensoleillement en Europe? Pas de panique. Faites vos valises. Les belles plages ensoleillées du continent africain vous attendent. Mais attention quand même aux mauvaises surprises, telles que les coupures de courant si vous rêvez d’un endroit comme le Mali, où les délestages intempestifs pourraient bien assombrir vos vacances. Néanmoins, tout porte à croire que ce problème serait sur le point d’être résolu.
Le pays ouest-africain a signé récemment avec la Russie un accord dans le but de développer le secteur nucléaire civil national, en marge du 6ème Forum international de la Semaine de l’énergie russe. Ce deal conclu avec notamment la société Rosatom, principal exportateur de centrales nucléaires dans le monde, vise à développer l’infrastructure nucléaire du Mali, renforcer la sensibilisation du public aux technologies nucléaires, la recherche fondamentale et appliquée, ainsi que la formation du personnel, entre autres.
Mettre fin aux délestages intempestifs et au-delà
Concrètement, la Russie va techniquement, et peut-être financièrement, aider le Mali à construire 2 à 4 centrales nucléaires. Objectif: mettre fin aux délestages intempestifs qui peuvent durer jusqu’à 10 heures, voire 12 heures, par jour sur certaines périodes de l’année. Au-delà de cette ambition, la junte qui dirige ce pays en proie à une instabilité politique caresse le rêve d’une autosuffisance énergétique.
Le Mali n’est pas un cas isolé dans la région. Atteint par la fièvre de l’atome russe, le voisin burkinabè veut également se mettre au nucléaire civil. Et ce n’est pas un fantasme: bien avant les Maliens, les Burkinabè avaient annoncé un accord avec la Russie pour la construction d’une centrale nucléaire. Ce projet, ont fait savoir la semaine dernière les autorités de Ouagadougou, a pour objectif de couvrir les besoins énergétiques du pays, très dépendant de ses voisins en la matière.
Quatre réacteurs pour l’Egypte à l’horizon 2026
En Afrique du Nord, l’Egypte aussi est en quête d’une souveraineté énergétique par le biais du nucléaire civil. Le pays va bientôt sortir de terre sa toute première centrale nucléaire et s’apprête à recevoir quatre réacteurs à l’horizon 2026. Il deviendra ainsi le deuxième Etat du continent, après l’Afrique du Sud, à posséder un site industriel dédié à la production d’électricité au moyen de la fusion.
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De son côté, le Rwanda a signé en septembre dernier un accord avec une startup germano-canadienne pour construire un réacteur nucléaire civil «expérimental», afin de réduire sa dépendance aux énergies fossiles.
À cette liste, s’ajoute aussi le Maroc, qui a approuvé un accord de coopération avec le gouvernement russe le 12 octobre sur l’énergie nucléaire civil. En vertu de cet accord, la Russie aidera le Royaume à créer et à améliorer notamment l’infrastructure de l’énergie nucléaire et à construire des réacteurs nucléaires.
Des sacrifices douloureux
Si les spécialistes s’accordent à dire que cette diplomatie de l’atome russe permettra sans doute aux pays africains d’avoir une assise importante, en matière de souveraineté énergétique, certains se méfient des effets d’annonce, tandis que d’autres sont carrément sceptiques, doutant de la capacité des pays précités, en l’occurrence le Mali et le Burkina Faso, à relever les défis liés à la formation du personnel nécessaire à la mise en place et la gestion des sites industriels en question.
Accéder au nucléaire nécessite également des coûts financiers importants. Il faut compter au moins 15 milliards d’euros pour une centrale nucléaire à réacteur à eau pressurée, la formation et la construction d’infrastructures non comprises. Sans doute, les sacrifices pour Bamako et Ouagadougou, confrontés à la fois à des défis sécuritaires et économiques, seront très douloureux.