Le Japon souhaite renforcer sa coopération avec l’Afrique. Son Premier ministre, Fumio Kishida, effectuera une tournée sur le continent fin avril 2023. Il se rendra en Egypte, au Ghana, au Kenya et au Mozambique pour faire rayonner davantage la diplomatie de Tokyo. L’annonce a été faite par le porte-parole du gouvernement japonais Hirokazu Matsuno, lors d’une conférence de presse le 11 avril. «La coopération avec les principaux pays africains pour s’attaquer aux problèmes internationaux est significative pour le Japon», avait-t-il déclaré.
Le timing choisi pour ce périple africain n’est pas fortuit. Il se déroulera à quelques jours du prochain sommet des pays du G7 prévue les 20 et 21 mai à Hiroshima, dont le Japon assure la présidence tournante. Un rendez-vous durant lequel Tokyo compte plaider pour l’octroi d’un siège permanent à l’Afrique au sein du G20, ce cercle restreint des vingt plus grandes économies du monde. L’Union africaine (UA) a d’ailleurs été invitée à y participer. D’après le porte-parole du gouvernement japonais, cette visite du chef du gouvernement servira aussi à «renforcer la coopération entre le continent et le G7».
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Une démarche qui confirmerait alors la position du Japon sur cette question. Déjà en décembre 2022, Fumio Kishida avait évoqué cette question, après une rencontre avec le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’UA d’alors. «L’admission de l’Union africaine au sein du G20 est importante, étant donné le rôle grandissant des pays africains dans la communauté internationale», avait-il déclaré. Selon lui, l’Afrique demeure sous-représentée dans les organes de gouvernance mondiale, en dépit de son important poids économique et démographique. L’UA est d’ailleurs invitée
Au-delà cette posture que ne manquerons sûrement pas d’apprécier les pays africains, le Japon voudrait surtout étendre son influence et surtout rattraper son retard pris sur à la Chine, les Etats-Unis, l’Inde, ou encore la Turquie qui ont multiplié les initiatives diplomatiques et économiques en Afrique. En tant que grande puissance mondiale, le pays du Soleil-Levant ne souhaite pas rester en rade dans ce jeu d’influences.
Preuve de cette stratégie nippone, l’organisation des conférences internationales de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD) ces dernières années. Durant la dernière édition, en août 2022 à Tunis, le Japon avait promis des investissements de 30 milliards de dollars pour le continent au cours des trois prochaines années. M. Kishida avait même annoncé une enveloppe de 5 milliards de dollars cofinancés avec la Banque africaine de développement (BAD), dont un milliard pour des restructurations de dettes. La formation de 300.000 personnes dans l’agriculture, les soins de santé, l’éducation et le droit figurait aussi sur la liste des promesses.
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La dernière tournée d’un Premier ministre japonais remonte à janvier 2014, avec la visite Shinzo Abe (2012-2020) effectuée du 9 au 14 janvier 2014 au Mozambique, Côte d’Ivoire, Ethiopie, avec dans sa délégation 34 patrons des plus grandes entreprises nippones. Quatre ans plus tard, Abe, considéré comme le véritable moteur du développement des relations Japon-Afrique, avait voyagé avec une délégation de près de 300 chefs d’entreprises lors du TICA VI en 2016 au Kenya. C’est donc
Contrairement à ses concurrents comme la Chine qui privilégient notamment les gros investissements dans les infrastructures, le Japon préfère se focaliser sur l’amélioration des services publics et développement des compétences, l’amélioration à l’accès aux services de santé, l’aménagement des transports urbains, le développement du capital humain et la formation professionnelle. Des projets souvent pilotés par l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA).
Parmi les projets nippons en Afrique, on peut citer l’investissement dans un projet de riziculture au Sénégal dans le cadre de la Coalition pour le développement rizicole en Afrique qui vise à doubler la production de riz en Afrique subsaharienne pour atteindre 56 millions de tonnes d’ici 2030. Des policiers de plusieurs pays africains, notamment en Côte d’Ivoire et en RDC ont aussi bénéficié de programme de formation du Japon. Tokyo a également offert de nombreuses bourses aux étudiants africains, notamment pour le master, dans des filières comme l’agriculture et l’assainissement.
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Le gouvernement encourage aussi les startups japonaises à investir en Afrique, particulièrement celles spécialisées dans les technologies dédiées à la santé (Healthtech). D’après le TICAD, le nombre d’entreprises japonaises actives sur le continent a plus que triplé, passant de 250 en 2011 à près de 800 en 2019, très loin des plus de 10 000 entreprises chinoises sur le continent, selon le magazine Forbes.
Les échanges commerciaux entre le Japon et l’Afrique semblent surfer sur une vague ascendante. A en croire la Japan Extrernal Trade Organization (JETRO), les volumes ont atteint 23,5 milliards de dollars en 2021, contre 16,5 milliards de dollars en 2020, soit une hausse de 74%. Dans les détails, on apprend que les exportations africaines à destination de Tokyo s’élevaient à 13,9 milliards de dollars, tandis que les importations étaient de 9,6 milliards de dollars, soit un excédent commercial de 4,2 milliards de dollars pour les pays africains.
L’Afrique du Sud reste le premier partenaire du pays du Soleil-Levant, avec des exportations d’une valeur de 10 milliards de dollars vers Tokyo en 2021, et des importations estimées à 2,3 milliards de dollars. Le Maroc occupe la deuxième position. Dans une récente interview pour Le360, Masahide Honda, DG JETRO Rabat, avait déclaré que les relations commerciales avec le Royaume représentent 4,5% du volume d’échanges Maroc-Asie, et 2,7% des échanges Japon-Afrique. Le Maroc exporte majoritairement des «poissons et crustacés» et importe principalement des véhicules.
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Mais vu le dynamisme dans les relations entre Tokyo et Rabat ces dernières années, l’on ne serait pas surpris de voir le Maroc supplanter l’Afrique du Sud. Selon M. Honda, le nombre d’entreprises japonaises opérant au Maroc a plus que doublé au cours des dix dernières années, pour atteindre plus de 70, dont 50% dans le secteur manufacturier, faisant du Maroc la deuxième destination des entreprises nippones en Afrique. Ces entités sont aussi présentes dans les secteurs de l’énergie, de la finance, des services et de la logistique. Le Japon est d’ailleurs le premier employeur étranger au Maroc avec plus de 50.000 emplois.
Autre signe qui démontre la volonté des deux pays de développer leurs relations, l’organisation du Forum économique maroco-japonais le 28 février 2023 à Casablanca. Un évènement qui a été marqué par la signature de deux protocoles d’accord entre la JETRO et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et l’Agence marocaine de développements des investissements et des exportations (AMDIE).
Objectifs: promouvoir les investissements et co-investissements, notamment dans l’industrie. Rappelons que le Japon et le Maroc ont signé un accord pour la promotion des investissements et une convention de non-double imposition en avril 2022.
Cette tournée du Premier ministre japonais interviendra quelques jours après celle de la vice-présidente américaine Kamala Harris prévue entre fin mars et début avril au Ghana, en Tanzanie, et en Zambie. La cinquième visite sur le continent, en quatre mois, d’un haut responsable américain, après celles de la Secrétaire du Trésor Janet Yellen, de l’ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, et de la première dame Jill Blinden, et du Secrétaire d’Etat Anthony Blinken.
Une intense activité diplomatique après la tenue du sommet Etats-Afrique en décembre 2022. Un regain d’intérêt pour l’Afrique afin de contrer l’offensive de la Chine et de la Russie. Le pays du Soleil-Levant, non plus, ne veut pas être éclipsé dans cet univers.