Selon les derniers chiffres publiés par l’Association internationale du transport aérien (IATA), la demande mondiale de transport aérien de passagers a augmenté de 13,8% en mars 2024 par rapport à mars 2023. Un rythme de croissance supérieur à la moyenne pré-pandémique, tiré principalement par le rebond du trafic international (+18,9%).
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Sur le continent africain cependant, les performances sont contrastées. Avec une croissance du trafic international de 8,1% sur un an, l’Afrique affiche la progression la plus faible parmi les grandes régions mondiales. Les compagnies aériennes africaines ont par ailleurs vu leur coefficient d’occupation reculer de 1,9 point à 70,3%, le plus bas niveau mondial.
Connectivité aérienne africaine: un défi persistant
Cette contre-performance masque néanmoins des disparités selon les zones géographiques et les marchés. L’Afrique du Nord, plus connectée à l’Europe, bénéficie d’une reprise du tourisme en provenance du Vieux Continent. L’Afrique australe profite également d’une hausse sensible des liaisons aériennes avec l’Asie et le Moyen-Orient.
En revanche, de nombreux pays d’Afrique subsaharienne restent à l’écart des grandes routes commerciales et touristiques mondiales. Le manque d’infrastructures aériennes adaptées, les problèmes de sûreté et la vétusté des flottes de certains transporteurs fragilisent leur compétitivité.
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Un autre défi réside dans la lenteur de la réouverture des lignes aériennes avec la Chine. Bien que le géant asiatique ait assoupli ses restrictions, sa connectivité avec l’Afrique ne représente que 16,5% des niveaux pré-Covid au 1er trimestre 2024, contre 65,4% avec l’Asie-Pacifique.
Concurrence accrue et menaces des compagnies du Golfe
Au-delà de ces difficultés structurelles, le transport aérien africain doit aujourd’hui faire face à une nouvelle donne concurrentielle. Les compagnies du Golfe, disposant de flottes modernes et d’infrastructures performantes, restructurent activement leurs réseaux et renforcent leur présence sur le continent. Les grands pavillons d’Émirats, du Qatar ou d’Arabie Saoudite déploient des stratégies ambitieuses de redéploiement de leurs réseaux sur le continent, au détriment des acteurs locaux déjà fragilisés. De nouvelles compagnies low-cost montent également au créneau pour redessiner l’échiquier africain du transport aérien.
Sans oublier l’un des plus redoutables concurrents des compagnies africaines dans la région : Turkish Airlines. Très agressif sur le continent, Turkish a clôturé l’année 2023 avec une augmentation de 23,5% de sa capacité intérieure et 16% de sa capacité internationale par rapport à 2022. La compagnie a transporté 83,4 millions de passagers en 2023.
Les turbulences financières que traversent certaines compagnies africaines historiques, à l’instar de South African Airways, laisse également le champ libre à de nouveaux acteurs low-cost ambitionnant de redessiner la carte du transport aérien régional.
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Dans un contexte de tensions inflationnistes persistantes, la rentabilité des transporteurs africains sera par ailleurs mise à rude épreuve. Leurs marges bénéficiaires, traditionnellement faibles, pourraient être grevées par la hausse des coûts d’exploitation.
Les derniers chiffres de performances des principales compagnies aériennes africaines reflètent les défis persistants du secteur, malgré des signaux encourageants de reprise post-pandémique. Décollage retardé, turbulences financières et vent de concurrence soufflant du Golfe Persique, le ciel africain reste parsemé de nuages à dissiper.
Dans le peloton de tête, Ethiopian Airlines consolide son rang de première force aérienne continentale. Avec 13,7 millions de passagers transportés en 2022-2023 et un bond de 20% de son chiffre d’affaires à 6,1 milliards de dollars, malgré l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les coûts, le fleuron national éthiopien constitue l’arbre qui cache la forêt africaine.
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Du côté de l’Afrique de l’Est, Kenya Airways a réalisé une performance de premier ordre, enregistrant 10,5 milliards de shillings kenyans de bénéfices opérationnels en 2023, après 7 années de vache maigre. Une prouesse permise par une croissance de 35% du trafic passagers, à 5 millions de voyageurs.
Royal Air Maroc (RAM) redresse également la barre. Fin avril 2023, ses ventes avaient retrouvé 92% de leur niveau pré-Covid avec 3,2 millions de passagers, et la rentabilité opérationnelle, à 1,2 milliard de dirhams. Fort d’un récent contrat avec l’État, le pavillon national marocain vise désormais à se positionner comme acteur incontournable du ciel africain.
Signe d’un secteur à deux vitesses, la compagnie égyptienne EgyptAir suit la cadence avec 2,8 millions de passagers au 1er trimestre 2023/2024, en hausse de 6%. Le transporteur national du Caire a vu ses indicateurs financiers s’améliorer et sa flotte s’étoffer de 10 appareils supplémentaires sur la période.
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Derrière ce quatuor de tête cependant, le ciel se couvre à nouveau pour de nombreux autres acteurs africains. Le manque d’infrastructures, de sûreté et la vétusté des flottes plombent toujours leurs marges et leur compétitivité face à la concurrence bardée des avions et aéroports dernier cri des grands du Golfe persique.
De nombreux pays enclavés d’Afrique subsaharienne peinent en outre à se raccorder aux grands flux touristiques et commerciaux. La lente reprise du trafic avec la Chine pèse également, Pékin ne représentant encore que 16,5% des liaisons aériennes pré-pandémie au 1er trimestre 2024.
Sous la menace d’une envolée persistante des prix du carburant, la rentabilité de nombreux opérateurs restera bridée. Leurs finances traditionnellement chancelantes risquent d’être mises à rude épreuve dans ce nouveau contexte inflationniste mondial.
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Pour nombre d’experts, l’avenir du transport aérien en Afrique dépendra de la capacité et de la volonté des compagnies et des États à investir massivement dans la modernisation des infrastructures, la formation des personnels et le renouvellement des flottes vieillissantes. Une transition cruciale pour cette industrie vitale au désenclavement et à l’essor économique du continent.