L’oléduc de 1.443 km fait partie d’un programme d’investissement de 10 milliards de dollars (neuf milliards d’euros) du géant français TotalEnergies, de la compagnie chinoise CNOOC, de l’Ouganda et de la Tanzanie, qui prévoit également le forage de plus de 400 puits de pétrole dans la région du lac Albert (ouest de l’Ouganda), menaçant ainsi, selon des associations de défense de l’environnement, le fragile écosystème de la région et les populations qui y vivent.
Quatre organisations de la société civile avaient déposé un recours en 2020 visant à empêcher la construction de l’EACOP («East African Crude Oil Pipeline»), invoquant ses conséquences négatives sur les droits humains, l’environnement et le climat.
Mercredi, l’EACJ a rejeté ce recours pour des raisons de procédure, jugeant qu’il avait été déposé hors d’un délai de 60 jours, ce qui confirme une décision de 2023 d’une cour tanzanienne.
«Nous sommes déçus», a réagi Dale Onyango, l’un des avocats des plaignants, les options juridiques restantes étant désormais, selon lui, «extrêmement limitées».
«L’affaire n’a pas été entendue sur le fond. Ce qui s’est passé au cours des trois à quatre dernières années, ce sont des questions préliminaires (...) sans substance», a-t-il regretté, interrogé par l’AFP.
Plus de 100.000 personnes ont perdu leurs terres sans compensation adéquate, certaines ayant été contraintes de signer des accords qu’elles ne comprenaient pas, affirment des groupes de défense des droits humains.
«Cela nous a déprimés», a raconté à l’AFP Yiga Cosmas, un agriculteur ougandais de 74 ans, dépossédé d’un peu plus de deux hectares de terres très fertiles dans le district de Kyotera, au centre de l’Ouganda.
Lui-même assure avoir refusé de signer un accord financier parce qu’il «sous-évaluait» ses cultures, la perte de plus de 50 manguiers lui coûtant près de 40.000 dollars (34.500 euros) par an.
Les défenseurs de l’environnement dénoncent un projet qui détruit des écosystèmes vitaux, l’Institut de responsabilité climatique le qualifiant de «bombe carbonique».
En 2023, un tribunal français avait rejeté, également pour des raisons de procédure, un recours déposé par plusieurs ONG contre TotalEnergies.
Les plaignants soutenaient que l’EACOP violait la loi française sur le «devoir de vigilance», qui oblige les entreprises à prévenir les risques que font peser leurs activités sur les droits humains, la santé et l’environnement.




