Cobalt, lithium, manganèse, cuivre, platine... L’Afrique détient d’importantes réserves de minéraux critiques nécessaires à la transition énergétique. Cependant, de nombreux pays africains exportent ces minéraux bruts et ne bénéficient pas pleinement de leur valeur ajoutée.
Dans le but d’éviter «injustices et extractivisme» des opérations liées aux combustibles fossiles, des pays africains réclament de meilleurs contrôles dans la course à ces minéraux et métaux nécessaires à la transition vers une énergie propre.
C’est dans ce contexte qu’une résolution visant un changement structurel favorisant le partage équitable des bénéfices de l’extraction, vient d’être présentée lors de l’Assemblée environnementale des Nations Unies à Nairobi le mercredi 28 février, rapporte The Guardian.
Soutenue par un groupe principalement composé de pays africains tels que le Sénégal, le Burkina Faso, le Cameroun et le Tchad, cette résolution appelle à l’utilisation durable des minéraux de transition. «Cette résolution est cruciale pour les pays africains, l’environnement et l’avenir de notre population», explique Jean-Marie Bope, délégué de la République Démocratique du Congo, qui soutient la résolution.
Des réserves à faire pâlir, des capacités de transformation limitées
Il faut savoir que la demande en minéraux de transition et de métaux utilisés pour construire des technologies d’énergie renouvelable telles que les centrales solaires, les parcs éoliens et les véhicules électriques, a explosé au cours de la dernière décennie alors que le monde se tourne progressivement vers les énergies fossiles.
Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement, des milliards de tonnes de minéraux de transition seront nécessaires au cours des trois prochaines décennies pour atteindre les objectifs climatiques mondiaux. L’Afrique détient d’importantes réserves de minéraux critiques. Plus de la moitié du cobalt et du manganèse mondial, ainsi que 92% du platine, se trouvent sur le continent.
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La République démocratique du Congo produit les deux tiers du cobalt mondial, un minéral utilisé dans la fabrication des batteries des véhicules électriques. Malgré sa vaste richesse minérale, le pays reste l’un des plus pauvres au monde.
Le travail des enfants et les violations des droits restent également monnaie courante dans le secteur minier du pays. Cette résolution présente donc une opportunité pour les pays africains riches en minéraux.
De nombreux pays de la région ont une capacité limitée à traiter ces matériaux de transition de manière domestique. Les minéraux sont souvent exportés à l’état brut et raffinés ailleurs, notamment en Chine, qui assure la majeure partie du traitement et de la production mondiale des minéraux.
Les restrictions à l’exportation se multiplient
Une poussée croissante des pays africains producteurs de minéraux cherchant à tirer profit de la croissance économique et de la création d’emplois dans la course aux minéraux verts a conduit plusieurs pays à imposer des restrictions sur les exportations de minéraux bruts ces dernières années, afin de favoriser le traitement domestique.
Les pays porteurs de la résolution ont déclaré lors de l’Assemblée que des accords favorisant les transferts de technologie et renforçant les capacités de traitement et les compétences de la main-d’œuvre locale étaient nécessaires à une transition équitable.
«Notre expérience de l’exportation à l’état brut nous a montré qu’il n’y a aucun avantage pour le continent dans cette approche», souligne Jean-Marie Bope, qui a participé à la rédaction de la résolution. «Les minéraux de l’Afrique sont suffisants pour alimenter la transition vers une énergie propre, mais nous ne voulons pas faire les choses comme nous les avons faites par le passé».
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The Guardian relève également que les défenseurs de l’environnement ont également fait écho aux appels en faveur du partage des bénéfices. Tout en exprimant leur soutien au passage mondial aux technologies à faible émission de carbone, ils soulignent que la transition vers une énergie propre risque de reproduire les inégalités existantes dans le secteur africain des combustibles fossiles.
Selon l’Union africaine, la région exporte environ 75% de son pétrole brut, qui est raffiné ailleurs puis réimporté sous forme de produits pétroliers. Elle exporte 45% de son gaz naturel, qui contribue très peu aux besoins énergétiques régionaux, alors que 600 millions d’Africains n’ont toujours pas accès à l’électricité.
L’autre enjeux est de transformer localement. «Nous devons nous assurer que l’industrialisation se produit ici et que nous ne servons pas simplement le plan d’industrialisation d’un autre continent», déclare Seble Samuel, responsable des campagnes et de la sensibilisation en Afrique à l’initiative du le traité de non-prolifération des combustibles fossiles. «Nous ne pouvons pas nous permettre de reproduire les mêmes injustices et l’extractivisme qui ont caractérisé l’économie des combustibles fossiles».
Le journal d’information britannique relève que Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement, appelle les pays riches en minéraux à conclure des accords contractuels qui protègent contre les «modèles coloniaux» d’exploitation des ressources et de la main-d’œuvre.
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Il est essentiel que les pays africains maximisent les avantages économiques de leurs réserves minérales en passant d’une approche d’exportation brute à une approche de traitement domestique. Cela permettrait de créer des emplois locaux, de renforcer les compétences de la main-d’œuvre et de favoriser le développement industriel en Afrique.
Les pays africains riches en minéraux, tels que la République démocratique du Congo, qui produit une grande quantité de cobalt, doivent saisir cette opportunité pour transformer leurs ressources minérales en moteurs de croissance économique durable.