L’économie algérienne, dépendante des hydrocarbures, a pleinement profité de l’embellie des cours du baril de pétrole tirée par la crise Russie-Ukraine. Une situation qui s’est traduite par une augmentation très importante des recettes du pays, sachant que les hydrocarbures représentent en moyenne plus de 95% des revenus provenant des exportations et presque la moitié des recettes budgétaires. C’est dire l’importance de ces recettes dans l’équilibre du budget de l’Etat algérien.
Seulement voilà, en dépit de la forte hausse des cours du baril, le budget de l’Etat ne retrouvera pas l’équilibre ni en 2022 et encore moins en 2023, année durant laquelle le cours baril de pétrole devrait être inférieur à celui qui sera enregistré cette année. C’est ce qui ressort de la dernière étude du Fonds monétaire international (FMI) qui prévoit pour l’Algérie un taux de croissance de 2,6% l’année prochaine.
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L’institution de Bretton Woods s’est penchée sur les prix du baril nécessaires pour que les pays qui ont fortement bénéficié de l’embellie des cours de l’or noir retrouvent l’équilibre budgétaire.
Ainsi, pour l’Algérie, le FMI estime qu’il lui faudra un cours moyen du baril de pétrole de 150 dollars en 2023 pour pouvoir équilibrer son budget. Plus précisément, «l’Algérie aura besoin d’un baril de pétrole de 149,2 dollars pour assurer l’équilibre de son budget qui culminera à plus de 13.700 milliards de dinars», selon le rapport. Ce cours, appelé «prix d’équilibre», est défini par le FMI comme étant le prix moyen que doit atteindre le baril de pétrole sur une année pour permettre à un pays fortement dépendant des hydrocarbures, comme l’Algérie, d’équilibrer son budget.
Ainsi, selon les projections du FMI, l’Algérie sera près de l’équilibre budgétaire et affichera un déficit budgétaire de 97 milliards de dollars sur la base d’un cours de change de 140 dinars algériens pour 1 dollar. C’est dire qu’il est quasiment impossible que le pays retrouve l’équilibre budgétaire en 2023, sachant que ce niveau du prix moyen de l’or noir est impossible à atteindre, sauf en cas de cataclysme au niveau des plus grands producteurs de pétrole.
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En tout cas, selon le rapport du FMI, sur les 10 pays du monde arabe producteurs de pétrole, c’est l’Algérie qui aura besoin du niveau du prix du baril de pétrole le plus élevé pour équilibrer son budget. Loin derrière, arrive le Bahreïn, qui aura besoin d’un cours moyen de 124,1 dollars, alors que la Libye et le Qatar n’auront besoin que de cours respectifs de 49,9 et 54,1 dollars pour assurer leurs équilibres budgétaires.
A noter qu’au niveau du gouvernement algérien aussi, on prévoit un important déficit budgétaire en 2023. Selon les projections de la Loi de Finances 2023, ce déficit devrait atteindre 5.700 milliards de dinars, soit près de 40 milliards de dollars. Le déficit prévu par le gouvernement demeure abyssal en ce sens qu’il représente 20,6% du Produit intérieur brut (PIB) du pays.
Dans tous les cas, le niveau abyssal du déficit atteste de la faiblesse structurelle de l’économie algérienne, totalement dépendante des hydrocarbures et qui a du mal à se diversifier malgré les annonces des dirigeants. Du coup, les importantes recettes tirées des hydrocarbures, en l’absence d’autres sources importantes de recettes fiscales, sont orientées vers les transferts sociaux, notamment les subventions, afin d’acheter la paix sociale au détriment de la création de la valeur et des emplois pour la jeunesse algérienne.