Miser sur le numérique pour accélérer le commerce intra-africain. C’est le souhait des responsables de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF). Un protocole sur le commerce électronique sera ainsi mis en place à partir de juillet prochain, pour stimuler les échanges entre les pays africains. C’est ce qu’a révélé Wamkele Mene, Secrétaire Général de la ZLECAF, mardi 13 juin, lors la plénière d’ouverture de la conférence Bloomberg New Economy Gateway Africa, organisée à Marrakech par l’agence américaine Bloomberg en partenariat avec l’Agence marocaine de développement des investissements et des exportations (AMDIE).
Ce prestigieux rendez-vous, qui se tient pour la première fois en Afrique, réunit 200 experts internationaux qui échangent sur les enjeux économiques et géopolitique.
D’après M. Mene, cette plateforme stimulera les échanges continentaux qui ne représente que 2% du commerce mondial. Elle permettra aussi de numériser et d’harmoniser les procédures douanières qui constituent un des obstacles majeurs au développement des flux commerciaux intra-africains. «L’Afrique a un PIB de 3,5 milliards de dollars. Le développement des paiements numériques, combinés à une économie d’échelle, permettra de dépasser ce niveau», a-t-il affirmé.
L’autre avantage de ce protocole numérique, est l’allègement des transactions monétaires, dans un marché continental fragmenté, où se bousculent 42 devises locales. D’où la nécessité, selon lui, d’accélérer la création d’une monnaie numérique qui permettra aux économies africaines d’être plus compétitives.
En attendant la concrétisation de cette devise continentale tant souhaitée, Wamkele Mene plaide pour la suppression du paiement en dollar en Afrique pour faciliter les transactions en monnaies locales en Afrique. Une position similaire à celle du président kenyan William Ruto. «Cela réduira le coût de la convertibilité des monnaies africaines qui est de 5 milliards de dollars par an et ceux des transactions Swift qui représentaient 19,5 milliards de dollars en 2019», préconise-t-il.
Lire aussi : Faute de marché commun, le secteur privé africain manque de «champions»
Interrogé sur le niveau de développement de la Zlecaf, dont l’objectif est d’accélérer le commerce en Afrique de 75% d’ici 2025, il a déclaré que les projets sont en bonne voie. Pour lui, les pays africains devraient investir davantage dans les infrastructures pour faciliter la mise en place de cette future zone de libre-échange. Un déficit en infrastructures estimé à 100 milliards de dollars par an. «Pour accroitre les échanges intra-africains, il est important de mettre en place des corridors commerciaux et portuaires qui vont faciliter l’acheminement des marchandises et réduire les coûts logistiques», souligne-t-il.
Mene invite également les Etats à miser sur la transformation des produits et ne pas privilégier le schéma classique d’exportations des matières premières. Cela créera plus de valeur ajoutée et leur permettra d’être plus compétitifs sur le marché international. «Notre ambition, c’est de créer un marché unique pour le commerce, l’industrie, les services, et les investissements. D’ici 20 ou 30 ans, l’Afrique sera région la plus compétitive de la planète», prédit-il.