Gabon: pas de visas pour les journalistes français

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Le 12/09/2016 à 21h57, mis à jour le 12/09/2016 à 22h53

Un reporter du Monde Diplomatique a été refoulé samedi à l'aéroport de Libreville, faute de visa. Plusieurs autres journalistes français n'ont pas pu obtenir d'autorisation pour se rendre au Gabon ont indiqué lundi plusieurs médias français.

Le gouvernement gabonais ne semble pas apprécier le traitement journalistique de la crise post-électorale par la presse française. Pour preuve, de nombreux journalistes de la presse française n’ont pas pu obtenir d’autorisation pour se rendre au Gabon.

Le journaliste Olivier Piot s'est vu refuser l'entrée samedi soir sur le territoire gabonais pour absence de "justifications probantes" sur les conditions et la durée de son séjour au Gabon, selon la décision consultée par l'AFP.

Olivier Piot n'avait pas de visa mais était "en négociation avec le ministère de la Communication depuis une semaine", a expliqué le journaliste lundi à l'AFP. "J'ai reçu un mail samedi qui m'invitait à me présenter à Libreville, en me disant que j'aurais l'accord de visa sur place", a-t-il déclaré.

Arrivé à l'aéroport de Libreville, il s'est vu refuser l'entrée sur le territoire : un document placé sous le comptoir, qu'il a pris en photo, recommandait aux douaniers de le refouler.

Les procédures d'entrée au Gabon sont très strictes pour tous les voyageurs étrangers, qui doivent être en possession d'un visa ou d'une autorisation d'entrée sur le territoire délivrée au préalable.

Reporters sans frontières a déploré dans un communiqué ce refoulement "symptomatique d'un verrouillage de l'information orchestré par les autorités".

"Sur quels critères, certains journalistes peuvent-ils se rendre au Gabon, tandis que d'autres en sont empêchés?", demande Christophe Deloire, secrétaire général de RSF. L'ONG a également condamné "toutes les attaques contre les médias et les journalistes" au Gabon, dont une attaque contre le siège d'un journal pro-gouvernemental, L'Union.

La proclamation de la victoire du président sortant Ali Bongo à l'élection présidentielle début septembre a provoqué des émeutes meurtrières et des pillages massifs dans tout le Gabon, qui avait déjà connu des crises post-électorales mais est peu habitué aux violences.

Le gouvernement a fait état de trois morts, l'opposition évoque plusieurs dizaines de victimes.

D'autres journalistes français ont été empêchés de couvrir les élections et leurs conséquences, selon plusieurs médias.

Le quotidien Libération, qui avait déposé une demande de visa en juillet, n'a toujours pas reçu de réponse de la part de l'ambassade du Gabon, a précisé à l'AFP Johan Hufnagel, directeur adjoint du journal.

Plusieurs radios françaises ont réussi à obtenir des visas, mais pas pour la période qu'elles souhaitaient, a souligné sous couvert d'anonymat un journaliste de radio qui a tenté de s'y rendre.

Auteur d'un article jugé irrévérencieux, suivi en 2009 d'un refus de visa, le reporter de L'Express Vincent Hugueux a affirmé ne pas avoir non plus pu retourner au Gabon.

"C'est Le Monde Diplomatique qui est directement visé", assure Olivier Piot. Le mensuel marqué à gauche avait publié en 2014 une tribune de l'opposant gabonais Jean Ping.

Des médias comme RFI, France 24, RTL, Le Monde, TV5 Monde, iTélé ou Le Point ont pu envoyer des journalistes sur place. L'AFP dispose d'un bureau permanent sur place.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 12/09/2016 à 21h57, mis à jour le 12/09/2016 à 22h53