"La Cour constitutionnelle valide la destitution de Bakary Fofana et l'élection de Monsieur Amadou Salifou Kébé en tant que président de la Commission électorale nationale indépendante", a tranché l'institution dans son arrêt rendu public le lundi 14 août courant.
Le président contestataire a aussitôt "pris acte" de la décision de la Cour et a félicité le président entériné. "Nous prenons acte de la décision de la Cour constitutionnelle intervenue ce lundi 14 août 2017, confirmant Amadou Salifou Kébé comme président de la CENI. A cet effet, j'adresse mes félicitations à Kébé auquel j'exprime mes voeux de réussite à la tête de l'institution électorale", a écrit Bakary Fofana dans une déclaration parvenue à la presse, quelques heures après la publication de l'arrêt de la Cour.
Dans sa déclaration, Bakary Fofana a aussi remercié le personnel de la CENI, la classe politique, les organisations de la société civile, les acteurs médiatiques et les partenaires techniques et financiers de la Guinée.
La passation de service entre Bakary Fofana et son successeur Salifou Kébé devrait donc finalement se tenir dans les jours à venir. La semaine dernière, la Cour constitutionnelle l'avait suspendue afin de statuer sur la requête de Bakary Fofana. En attendant sa décision, l'institution juridique avait désigné un président par intérim.
Acteur de la société civile et ancien ministre des Affaires étrangères, Bakary Fofana a été élu président de la CENI en 2012, à la faveur d'une recomposition de l'institution en charge de l'organisation des élections en Guinée. Durant son mandat, il aura organisé les élections législatives de 2013 et l'élection présidentielle de 2015 qui a remis Alpha Condé à la tête du pays pour un second mandat.
C'est cette dernière élection qui serait même à la base de sa destitution. A Conakry, la rumeur accuse Bakary Fofana d'égoïsme. Alors que la CENI avait reçu le budget pour une élection à deux tours, le "coup KO" d'Alpha Condé avait déjoué les prévisions. Seulement, le reste du budget n'aurait pas été retourné au Trésor public et les autres commissaires n'auraient rien compris à l'utilisation faite de cet argent.
Officiellement, Bakary Fofana est accusé de gestion opaque des ressources financières de l'institution. Un comité de trésorerie lui avait donc été imposé. Et sa décision de ne pas reconnaître ce comité avait déclenché la procédure de sa destitution en juin dernier.
Destitué par l'écrasante majorité des commissaires de la CENI, Bakary avait sollicité l'annulation du vote qui avait porté Me Salifou Kébé à la tête de l'institution. Il avait estimé que les règles relatives à l'élection et au remplacement d'un président de la CENI n'avaient pas été respectées par ses collègues. Il vient d'être débouté par la Cour constitutionnelle.