L'Union des forces Républicaines (UFR) d'un autre ancien Premier ministre, Sidya Touré, arrivée en troisième position, ainsi que les candidats de listes "indépendantes", qui effectuent une percée remarquée, auront un rôle charnière dans les négociations pour la formation de majorités municipales qui vont s'engager.
Selon des chiffres portant sur la quasi-totalité des 342 communes du pays, le parti au pouvoir a obtenu 1,35 million de suffrages et 3.284 sièges de conseillers, contre 893.000 voix et 2.156 élus locaux pour l'Union des Forces démocratiques de Guinée, selon des résultats obtenus auprès des différents partis.
Loin derrière, l'UFR obtient 190.000 voix et 447 conseillers municipaux.
Ces élections locales étaient les premières depuis la fin des régimes autoritaires qui ont dirigé le pays pendant plus de 50 ans.
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S'il domine à l'échelle nationale, le Rassemblement du peuple Guinéen d'Alpha Condé est devancé dans la capitale, qui compte près du quart de la population du pays.
Sur les cinq communes de Conakry, le parti d’opposition UFDG remporte 69 sièges, contre 57 mandats pour le RPG, 23 pour l'UFR, et 20 pour des candidats indépendants, selon les chiffres de la Commission électorale indépendante nationale (Céni), qui a mis plus de deux semaines pour publier ces résultats.
L'UFDG a remporté la majorité absolue (29 conseillers sur 45) dans son fief de Ratoma (Conakry), mais le jeu des alliances est ouvert dans les quatre autres communes de la capitale (Dixinn, Matoto, Matam et Kaloum).
Le parti de Cellou Dalein Diallo a également régné en maître dans son fief du Fouta (nord), où il arrive en tête dans des localités comme Mamou, Lélouma, Labé, Mali ou Dalaba.
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A Kindia (ouest), où la bataille promettait d'être rude entre le maire sortant d'opposition et le candidat du parti présidentiel, c'est ce dernier qui l'a emporté, selon des résultats contestés par l'opposition.
Le parti d'Alpha Condé l'emporte par ailleurs en Haute-Guinée (Kankan, Kérouané, Mandiana, Siguiri) et en Guinée forestière (Lola, Nzérékoré, Yomou...).
Ce scrutin local s'est tenu avec huit ans de retard sur le calendrier institutionnel, les mandats des exécutifs communaux élus en 2005 étant échus depuis 2010.
Tout en étant "satisfait des résultats de son parti", l'ancien Premier ministre Cellou Dalein Diallo a dénoncé une "fraude orchestrée par le pouvoir" et s'est dit cette semaine "inquiet pour la démocratie" en Guinée.
Ces derniers jours, la communauté internationale a exprimé son inquiétude face aux violences post-électorales, qui ont fait une dizaine de morts, exhortant toutes les parties à la retenue et à la transparence.
Les précédents scrutins en Guinée, les présidentielles de 2010 et 2015, et les législatives de 2013, avaient déjà été émaillés de violences mortelles et d'accusations de fraude.