Fin mars, la Cédéao avait sommé Conakry de lui présenter «au plus tard le 25 avril» un calendrier de transition «acceptable» en vue de la restitution du pouvoir aux civils après le putsch militaire de septembre 2021, sous peine de nouvelles sanctions économiques.
Mais le colonel Mamady Doumbouy, l'homme qui a déposé l'ancien président Alpha Condé avant de se proclamer chef de l'Etat, fait peu de cas de cet ultimatum, a indiqué dans un entretien accordé lundi à la radio Fim FM, le porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo.
«On n'a pas transmis un document [sur le calendrier de la transition à la Cédéao] et nous étions clairs là-dessus depuis le début que le gouvernement guinéen n'agit pas sous des contraintes ou sous le diktat de qui que ce soit», a déclaré Goual.
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«Rien n'est exclu», a-t-il répondu à une question sur l'éventualité que la Guinée se retire de la Cédéao.
La Cédéao «doit faire sa propre autocritique», a-t-il ajouté accusant l'organisation ouest-africaine d'avoir été «distante par rapport aux cris des populations guinéennes» lors de la répression meurtrière de la contestation ayant marqué les dernières années de pouvoir de Condé.
En réaction à ces propos, Saikou Barry, responsable de l'Union des forces républicaines (UFR), parti membre du G58, une coalition d'opposition du temps de la présidence de Condé, a estimé que «ce serait dangereux que la Guinée soit victime» de sanctions supplémentaires de la Cédéao risquant de mettre à mal l'économie nationale.
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«Les Guinéens n'accepteront pas qu'une junte nous retire d’une institution sous-régionale», a déclaré Barry à l'AFP, reprochant aux nouvelles autorités leurs «caprices» et leur «ton orgueilleux».
«Aujourd'hui, les amateurs politiques se mettent à dire du n'importe quoi» et la sortie du porte-parole du gouvernement sur la Cédéao est «vraiment irresponsable», a réagi pour sa part auprès de l'AFP un responsable du RPG, le parti de Condé tenant à rester anonyme comte tenu de «la situation politique nationale».
Mardi, la justice guinéenne a maintenu en détention le dernier Premier ministre du président Condé, Ibrahima Kassory Fofana, et de deux autres anciens ministres, tous trois poursuivis pour «détournement», a indiqué un de leurs avocats, Sidiki Bérété, après le rejet d'une requête demandant leur mise en liberté provisoire.