Interdire la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire nationale, une décision qui fait mal entrainant une flambée des prix du bois sur le marché guinéen. Et pour prendre suffisamment la mesure de la situation, nous nous rendons au port de pêche de Kaporo, l’un des plus grands de la capitale Conakry, situé dans la commune de Ratoma.
Là, le désespoir est grand, beaucoup de jeunes dont le travail se trouve lié au bois se retrouvent sans activité. Daouda Cissé, jeune pêcheur à Kaporo ne peut cacher son désespoir: «Nous sommes confrontés à une énorme difficulté. Actuellement, il n'y a pas de bois. Nous vivons de la pêche, mais impossible de réparer nos embarcations par manque de bois. On a des familles à nourrir, si l'État ne nous aide pas, c'est catastrophique pour nous. Parce que je ne travaille plus, ma barque est endommagée et ne sert plus à rien. Donc, il n'y a pas de travail pour le moment».
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En face, se dresse l’autre rive, le débarcadère de Nongo, situé dans la même commune. Ici, le premier responsable, dans un état d'impuissance face à la situation, cherche à nous faire comprendre à quel point le prix du bois a explosé sur le marché. Une planche qui coûtait 8 dollars il y a peu est aujourd'hui vendue à 17 dollars.
En dehors du prix exorbitant du bois sur le marché, même l’obtention des planches est devenue un véritable casse-tête pour ces Guinéens. Actuellement, il faut patienter longtemps pour espérer, avec souvent beaucoup de chance, trouver du bois... mais là encore, à quel prix? S’indigne Ibrahima Soumah, pêcheur: «Je suis pêcheur, mais aucune situation ne nous a autant impactés que cette pénurie de bois. Le bois ne vient plus. Avant, quand il y avait rupture, ça n'excède pas trois mois, on obtient du bois pour réparer nos embarcations, mais cette fois-ci on est déjà au 5ème mois. Le bois qui quitte ailleurs coûte très cher, c'est entre 18 et 20 dollars. Si cela perdure, la pêche artisanale ne va pas avancer. Avec ce prix exorbitant, on n'a pas assez d'argent pour acheter du bois pour entretenir nos embarcations».
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Aujourd’hui, le désespoir et l’amertume sont perceptibles chez de nombreux Guinéens dont le bois est indissociable de leur activité professionnelle. Si rien n’est fait, à ce rythme, pas de doute que toutes les activités socio-économiques qui dépendent du bois risquent de s’effondrer.