Vidéo. Guinée: la cordonnerie locale revisitée par une jeune femme

le360 Afrique/Souaré

Le 05/12/2021 à 09h31, mis à jour le 05/12/2021 à 09h53

VidéoEn Guinée, c'est aujourd’hui quasi impossible de voir une fille cordonnière. Cependant, Fatoumata Oularé, comptable de formation, a décidé de tracer sa voie dans ce métier souvent réservé aux hommes. Elle évolue dans l'artisanat depuis plusieurs années, sans complexe, malgré les difficultés.

Fatoumata Oularé, passionnée par la création et la fabrication des chaussures, appelée communément cordonnerie dans de nombreux pays africains, En collaboration avec d'autres jeunes artisans, elle fabrique des chaussures en perles dans un petit atelier de Conakry.

Malgré son jeune âge, elle rêve déjà en grand. Pour la confection de ses chaussures, cette artisane utilise des outils et des techniques spécifiques sur toute la chaîne de production. Une approche qui offre à ses articles des aspects attrayants: «Il n’y a pas de sot métier. Ici tout se fait à la main. On a le tapis (la semelle de caoutchouc découpée à la main) et puis les fils qui servent à tisser les perles. C’est surtout cette dernière étape qui fait l’originalité de nos articles».

Néanmoins, trouver les matières premières demande souvent effort et patience. Et, lorsque c'est plus compliqué, il faut partir hors du pays pour s'approvisionner. Situation qui pose des problèmes aux artisans guinéens, regrette Fatoumata Oularé: «C’est souvent difficile d’avoir ces matériels-là. Pour les tapis, le métrage coûte cher, entre 7 et 8 dollars. Pour la fabrication des chaussures d’hommes avec du vrai cuir, c’est aussi très difficile car pour avoir du cuir, il faut faire la commande à Dakar».

A ce sujet justement, Morlaye Youssouf Soumah, proche et collaborateur de Fatoumata Oularé, regrette les difficultés notées lors de l'écoulement. Conséquence, ils sont tenus de faire attention à la quantité d'articles à produire. «Nous travaillons sur commande. Il y a des clients qui viennent acheter par unité, et là le prix devient plus cher. Le prix de la paire varie en fonction de la quantité demandée par le client. Nous fabriquons plusieurs modèles. Les repose-pieds (sandales), on les vend entre 3 et 6 dollars en détail. Pour les sandalettes, il y en a pour 5 dollars en gros, et en détail, on revend entre 7 et 10 dollars».

Aujourd'hui, Fatoumata Oularé entend jouer sur la bonne réputation des produits made in Guinea pour écouler ses créations. Les chaussures artisanales sont réputées pour leur meilleure qualité que celles importées.

Malgré toutes ces difficultés, les jeunes artisans guinéens veulent mettre en valeur le savoir-faire local. Ce qui devrait leur permettre de vivre de leur métier et passion. Mais à condition, souligne ces jeunes, qu'il y ait une réelle implication de l'Etat pour soutenir les artisans.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 05/12/2021 à 09h31, mis à jour le 05/12/2021 à 09h53