Alors que les classements concernant les villes africaines sont jusqu'ici réalisés pour les expatriés, l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) initie une étude d'un genre nouveau qui met la qualité de vie des résidents au centre. Elle s'est intéressée à une centaine de villes africaines qui ont ainsi été classées. Selon Jérôme Chennal, auteur de l'étude pour le compte de l'EPFL, l'intégralité des résultats ne sera publiée qu'en avril prochain. Cependant, il en livre les principales conclusions dans la presse.
D'emblée, on constate que c'est dans les villes marocaines qu'existe la meilleure qualité de vie en Afrique, suivies des métropoles sud-africaines et des autres villes d'Afrique du Nord. Un détail de taille: l'Algérie n'a réussi à placer aucune ville parmi les 10 meilleures africaines.
Marrakech occupe la première place de ce classement réalisé pour la première fois, mais qui, selon Jérôme Chennal, devrait être institutionnalisé. La ville ocre décroche une note globale de 75,13 points sur 100 possibles devant Johannesburg (74,92), la capitale économique sud-africaine et Alexandrie en Egypte (74,33). Mais ce qui frappe le plus c'est que sur les 10 premières villes, quatre sont marocaines, avec notamment, Casablanca (72,49) qui occupe la 5e place, Rabat (71,59) en huitème position et Fès (68,24) fermant le top 10.
Dossier: top 10 des villes africaines les plus attractives
Dès lors se posent plusieurs questions. Comment se fait-il que l'Afrique du Sud ne compte qu'une seule ville parmi les 10 qui ont la meilleure qualité de vie? Pourquoi n'y a-t-il aucune ville nigériane, alors que le pays de Muhammadu Buhari revendique la première économie du continent? Pourquoi l'Algérie, le cinquième importateur d'armes du monde, ne parvient-elle pas à classer une seule métropole? S'il est difficile de répondre à ces questions, il y a au moins deux certitudes. La première, c'est qu'il est tout à fait possible de bâtir le développement en n'ayant ni pétrole, ni gaz. La seconde est qu'il faut d'excellentes ressources humaines et un leadership clairvoyant pour offrir à ses citoyens la meilleure qualité de vie du continent.
Car, pour comprendre la prédominance des villes marocaines, il faut revenir aux critères retenus par les auteurs de l'étude et qui sont au nombre de 7, notamment la vie en société, la qualité de l'habitat, le développement spatial, les infrastructures, l'environnement et l'écologie, la gouvernance et l'économie.
Et sur l'ensemble de ces critères, il est difficile de battre les villes marocaines. En réalité, un tel succès ne peut tenir qu'à une chose: la bonne gouvernance, non pas seulement à l'échelle de la seule ville, mais à l'échelle de tout le pays. En effet, à quelques détails près, notamment ses murs ocres, ses 11m2 d'espaces verts par habitant, ses dizaines d'hotels de luxe et ses Velib', Marrakech n'est pas si différente de Tanger, Fès, Rabat, voire d'Oujda.
Qualité de l'habitat, infrastructures, bonne gouvernance et économie
De façon générale, la force des villes marocaines réside dans quatre des sept critères, à savoir l'économie, la qualité de l'habitat, les infrastructures et la gouvernance. Tout en dépassant le reste du continent, en moyenne, sur les trois autres, à savoir la vie en société, le développement spatial et l'environnement.
Ainsi, concernant le critère de l'économie, Marrakech, Casablanca et Rabat ont toute réussi à avoir une note supérieure à 80, ce qui est de loin un record. Car, sans ressources naturelles extraordinaires, l'économie marocaine est fondée sur la création de valeur. Grâce à plusieurs programmes de développement industriels, agricoles et des services, le Maroc a réussi à maintenir des performance à faire pâlir de jalousie bien des pays sur le continent. On peut notamment citer le plan Maroc Emergence, le plan Maroc Vert, le plan Halieutis, la Vision Maroc 2020 pour le tourisme, etc.
Concernant le critère qualité de l'habitat également, Rabat obtient une note de 83 sur 100, Casablanca (82), Marrakech (82) et Fès (82), ce qui montre une constance qui est tout à l'honneur des professionnels de l'immobilier, mais également des autorités qui ont su déployer de vraies politiques d'aménagement et de développement de la ville. Ici, la concurrence que se livrent les différents acteurs a créé un nivellement vers le haut. Il n'est donc pas étonnant que l'éxpértise marocaine s'exporte désormais sur tout le continent.
Pour ce qui est de la gouvernance, les quatre villes marocaines de référence obtiennent toutes la note de 77, dépassant largement la moyenne des autres villes du continent. Elles ne sont dépassées que d'un poil sur ce critère par les villes sud-africaines (Jo'burg, Durban, Le Cap, Pretoria) qui ont eu la note de 81, par les ghanéenne (Accra, Kumasi avec la note de 79) et enfin par Port Louis de Maurice (78).
A part les villes d'Afrique du Nord et de l'Afrique du Sud, celles de l'Ouest du continent se distinguent et pourraient gagner des places supplémentaires dans les années à venir. C'est le cas notamment de Praïa, la capitale capverdienne qui occupe la douzième place du classement, juste derrière Alger. Kumasi, deuxième ville ghanéenne également a réussi à s'interposer entre Windoeck et Oran à la 15e place. Libreville est à la 20e place et Dakar occupe la 23e position.