A Nouakchott, plusieurs réactions positives ont accueilli la validation au plan politique, du principe de l’adhésion du Maroc à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), à l’issue des assises de la 51e session ordinaire des chefs d’Etats et de gouvernement de l’organisation qui s'est tenue dimanche à Monrovia (Liberia).
Cependant, celle du Pr Lô Gourmo, vice-président de l’Union des Forces de Progrès (UFP), criant à haute voix «vive l’Afrique du Nord-Ouest» tranche particulièrement avec les autres.
Cet enseignant en droit, officiant en France, qui est également inscrit en qualité d’avocat au barreau de Nouakchott, note avec enthousiasme que «le Maroc, pays du nord du continent, a définitivement pris son option ouest-africaine, en intégrant la CEDEAO. La Tunisie aura quant à elle un statut d’observateur et la Mauritanie, celui de ”membre associé”, après avoir, malencontreusement et sans véritable justification, quitté l'organisation».
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Convoquant le passé, ce brillant juriste, doublé d’un homme politique profondément attaché aux valeurs du panafricanisme, rappelle «qu’en vérité, aussi bien au plan historique, que socioculturel, il y a un ensemble nord-ouest africain à redécouvrir, comme ailleurs se reconstituent des routes (de la soie notamment), des ceintures et des axes de communication enfouis sous la modernité européocentriste et dont la revivification peut constituer une alternative pluripolaire à la mondialisation univoque actuelle, en crise".
A l'instar de la Chine qui souhaite construire les nouvelles "routes de la soie", "cet axe du Grand Nord-Ouest africain est celui qui a fait renaître les caravanes qui, des siècles et des siècles durant, ont relié non seulement notre espace saharo-sahélien, mais aussi le pourtour de la Méditerranée, ses deux rives, le grand Sud et l’Est du continent, jusque dans ses profondeurs forestières, transportant hommes, marchandises et valeurs. Bref, brassant et reconstituant en permanence le socle anthropologique et socioéconomique de cet univers à nul autre pareil».
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Maître Lô revient sur le rôle historique «central» de la Mauritanie dans ce processus, notamment le Bilad Chinguitt et les saints, les almoravides, Tichitt, les frontières avec le Mali, qui poussent vers Tombouctou, l’incomparable empire du Ghana et sa capitale, Koumbi Saleh, le Tekrur, le Fouta, le Walo, leurs royaumes et les villes saintes…
Cette réaction d’une immense profondeur historique, socioculturelle et profondément géostratégique, car débouchant sur le présent, met en exergue «une axialité géo historique de la Mauritanie, point de raccordement du Grand Nord-Ouest africain, à réinitialiser avec les nouveaux logiciels du monde moderne. Non, le Maroc est dans son monde en intégrant la CEDEAO, ainsi que tous les autres pays du Maghreb, y compris l’Algérie. Et la Mauritanie plus que tous évidemment».
Tout ce bouillonnement politique et économique, tirant ses origines dans les profondeurs historiques d’un vaste ensemble, renvoie à la vision d’un homme, le roi Mohammed VI, qui a eu la lumineuse idée de pousser le Maroc vers la CEDEAO et donc de reconstruire les anciennes "Routes des caravaniers".