La rupture des liaisons aériennes de (et vers) l'Afrique aura des conséquences économiques et sociales graves sur les compagnies aériennes, et donc sur les économies africaines.
Les dernières données de l’Association internationale du transport aérien (IATA) montrent clairement l'inquiétant état dans lequel se trouve ce secteur. En effet, les transporteurs africains ont vu leur trafic chuter de 90,1% en août dernier, après un repli de 94,6% en juillet, comparativement aux mêmes périodes de l’année dernière, et ce, malgré les déconfinements et les réouvertures des frontières de nombreux pays africains.
Idem pour ce qui concerne leur capacité d'accueil à bord de leurs appareils, qui a chuté de 78,4%, et le coefficient d’occupation des sièges, qui s’est contacté de 41,0%, pour s’établir à 34,6% en août, soit le taux le plus faible de toutes les régions.
En mi-juillet dernier, l’Association des compagnies aériennes africaines (Afraa) avait revu à la hausse ses prévisions de pertes en revenus pour les compagnies aériennes du continent à 8,56 milliards de dollars en 2020.
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Les conséquences économiques sur les économies africaines sont importantes. En effet, selon les dernières estimations de l’IATA, la part de la participation du transport aérien au PIB du continent devrait diminuer de 37 milliards de dollars à fin 2020, soit une baisse de 58% par rapport aux projections d’avant la crise du Covid-19.
Sur un plan social, les compagnies aériennes africaines vont devoir licencier leur personnel à tour de bras, afin de pouvoir réduire leur masse salariale.
Selon l’IATA, 172.000 emplois seront supprimés en 2020, dans le secteur du transport aérien, soit 40% des effectifs des compagnies du continent. En tenant compte des industries connexes au secteur du transport aérien, ce sont 4,5 millions d’emplois qui risquent d’être perdus en Afrique.
Conséquence de cette situation, l’IATA estime que les restructurations sont nécessaires pour faire face à cette crise sans précédent. Plusieurs compagnies aériennes, parmi les plus importantes du continent, se sont déjà engagées dans des opérations de restructuration, notamment en taillant dans les effectifs de leur personnel, et en réduisant leur voilure.
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C’est le cas de Kenya Airways, qui compte supprimer 1.500 postes, soit 40% de ses effectifs, en raison de difficultés financières dues à l’impact de la pandémie. Une décision qui va permettre à la compagnie d’économiser près de la moitié de sa masse salariale. Selon les prévisions de ses dirigeants, la compagnie devrait afficher une perte annuelle de 500 millions de dollars.
Pour sa part, après un programme de départs volontaires ayant concerné 141 salariés, Royal Air Maroc a annoncé une première vague de licenciements économiques touchant 140 salariés, dont 65 pilotes. La compagnie envisage également de réduire sa voilure, en cédant une vingtaine d’appareils.
C’est aussi le cas de South African Airlines, qui a du mal pour ficeler son programme de restructuration faute de ressources financières. En difficultés depuis plus d’une décennie, la compagnie est à genoux, à cause des conséquences du Covid-19.
Le gouvernement n’a pas encore fourni les 621 millions de dollars nécessaires pour soutenir le plan de restructurations annoncé en juin par les administrateurs de la compagnie, et qui devrait être marqué par le licenciement de 2.700 salariés et la vente d'appareils.
En conséquence, la compagnie a suspendu ses opérations, en attendant de trouver les ressources financières nécessaires à la relance de son activité.
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Dans le cadre de sa restructuration, les autorités sud-africaines étudient le renforcement des relations avec Ethiopian Airlines, la seule compagnie africaine qui a su afficher sa résilience devant la crise du Covid-19, grâce à une stratégie décidée par son management.
Il faut toutefois savoir que nombreuses petites compagnies africaines risquent de ne pas se relever de sitôt, et certaines risquent la faillite. C'est le cas par exemple de SA Express, une compagnie sud-africaine, mise en liquidation judiciaire provisoire, après 26 ans d’existence.
La seule compagnie aérienne africaine qui est arrivée à s’en sortir est Ethiopian Airlines, sauvée par le fait d’avoir maintenu ses liaisons aériennes aussi longtemps que cela a été possible, et surtout d’avoir misé sur le fret aérien, en modifiant ses avions de ligne en cargos, pour renforcer sa flotte dédiée à cette activité.
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Il s'agit donc aujourd'hui de l’une des rares compagnies africaines à ne pas avoir demandé de soutien à l’Etat, ni d'avoir reporté le paiement de ses créances. Mieux encore, elle n’a pas procédé à des licenciements dans ses effectifs. Elle a même fini le premier semestre avec un résultat positif de 44 millions de dollars.
En attendant, aucune compagnie du continent n’est pour le moment définitivement déclarée en faillite. Toutefois, afin de limiter la casse, l’IATA, qui représente 290 compagnies aériennes, pesant pour 82% du trafic aérien mondial, préconise une reprise harmonisée et accélérée du transport aérien en Afrique.
Toutefois, seuls 31 pays ont actuellement rouvert leur espace aérien aux vols internationaux pour les passagers. Les compagnies aériennes de ces pays doivent, de plus, faire face à la fermeture des espaces aériens européens, qui sont les plus connectés avec le continent.