"François Bozizé se trouve actuellement aux abords de la ville de Bossembele (à 150 km au nord-ouest de la capitale, ndlr) dans l'intention manifeste de marcher avec ses hommes sur la ville de Bangui", a déclaré le porte-parole gouvernemental, Ange-Maxime Kaagui.
"Il s'agit manifestement d'une tentative de coup d'Etat que le gouvernement tient à dénoncer en cette période électorale", a déclaré le porte-parole, faisant allusion aux élections prévues le 27 décembre.
Kazagui a accusé les troupes de François Bozizé d'avoir "assassiné lâchement 3 gendarmes", ainsi qu'un militaire du génie, sans donner davantage de précisions.
L'ancien chef de l'Etat François Bozizé, arrivé au pouvoir en 2003 à la suite d'un coup d'Etat avant d'être lui-même renversé en 2013 par une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, avait tenté un retour en politique en se déclarant candidat à la présidentielle.
Lire aussi : Centrafrique: fusion des principaux groupes armés à l'approche des élections
Mais la Cour constitutionnelle a invalidé sa candidature, estimant que M.Bozizé était sous le coup de sanctions des Nations unies pour son soutien présumé à des groupes armés responsables de "crimes de guerre" et de "crimes contre l'humanité".
La Centrafrique, pays de 4,9 millions d’habitants classé parmi les plus pauvres au monde mais riche en diamants, est déjà contrôlée aux trois quarts par des groupes armés qui commettent des exactions régulières contre les civils.
Vendredi des sources humanitaires et de l'ONU avaient fait état d'une dégradation de la sécurité évoquant une offensive de groupes armés dans plusieurs localités du nord-ouest et du nord du pays, qui contrôleraient aussi les axes routiers mènant à Bangui.
"alerte maximale"
Samedi, trois des principaux groupes armés en Centrafrique ont annoncé samedi leur fusion "dans une seule entité, désignée Coalition des patriotes pour le changement (CPC), placée sous commandement unifié". Ils ont par ailleurs appelé "tous les autres groupes armés à adhérer" à leur coalition.
Ils ont également exhorté leurs membres à "fraterniser" avec les soldats des forces régulières qui désirent les rejoindre, à "respecter scrupuleusement l'intégrité des populations civiles", et à "laisser passer librement les véhicules" des Nations unies et des humanitaires.
Lire aussi : Centrafrique: début de la campagne pour les présidentielle et législatives
Les trois groupes sont le Mouvement Patriotique pour la Centrafrique (MPC), actif dans le nord, les 3R (Retour réclamation, réhabilitation) un groupe à dominante peul présent dans l'ouest, et des milices anti-balaka réputées favorable à François Bozizé.
Les Casques bleus de la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca), qui sont plus de 11.000 dans le pays, sont "en alerte maximale" pour empêcher les groupes armés "de perturber les élections", a déclaré la Minusca dans un communiqué publié vendredi.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a condamné vendredi "l'escalade de la violence et appelle tous les acteurs à cesser toute hostilité de manière urgente", a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric.
"psychose"
Selon Hans de Marie Heungoup, spécialiste de l'Afrique centrale au sein du centre de réflexion International Crisis Group, les menaces de ces groupes doivent être interprétées avec prudence, car dans les faits si les rebelles voulaient descendre sur Bangui, ils auraient déjà incité certaines milices à créer un contexte d'insécurité dans la ville, "comme l'avait fait la Séléka en 2013", ce qui n'est pas le cas à ce stade.
“Pour l’heure, il y a une psychose, et beaucoup de rumeurs”, explique-t-il.
La Centrafrique a été ravagée par la guerre civile après qu'une coalition de groupes armés à dominante musulmane, la Séléka, a renversé le régime du président François Bozizé en 2013.
Lire aussi : Centrafrique. Présidentielle: la candidature de l'ex-président Bozizé invalidée
Les affrontements entre Séléka et milices chrétiennes et animistes antibalaka avaient fait des milliers de morts.
La CPC rassemble aujourd'hui des groupes issus de la Séléka et des milices antibalaka, autrefois ennemis, contre le régime du président Touadera.
Depuis 2018, la guerre a évolué en un conflit de basse intensité, où les groupes armés se disputent le contrôle des ressources du pays, bétail et minerai principalement, tout en perpétrant régulièrement des exactions contre les populations civiles