Les internautes et les médias de Mauritanie dénoncent le mode de recrutement adopté par l'Agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS), véritable Etat dans l’Etat lors des deux mandats de l'ex-président Mohamed ould Abdel Aziz, qui l’avait créée il y a une dizaine d’années pour assurer une transition vers le passage à un état civil biométrique.
Cette institution aurait récemment recruté 86 agents, appelés à servir dans ses différents bureaux à travers le pays.
De nombreux Mauritaniens dénoncent sur les réseaux sociaux «le caractère d’une opération pour laquelle tous les individus retenus sont issus d’une seule composante nationale». D’autres vont plus loin, et stigmatisent «un choix pour lequel tous les cadres et agents retenus sont issus d’un seul ensemble tribal».
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Cette fois-ci, la partialité du mode de recrutement, favorisant une des communautés du pays pour le recrutement des cadres de cette administration, a fini par avoir raison de cette décision, qui a été qualifiée de "scandaleuse" par un grand nombre de Mauritaniens. La pression a été telle que cette opération de recrutement partiale a été annulée.
Toutefois, et comme c'est d'ailleurs toujours le cas, aucune sanction n'a été prise envers les hauts fonctionnaires qui ont décidé de ce mode de recrutement raciste en accordant la prééminence à une seule communauté du pays.
En l'absence de sanctions exemplaires, rien n'empêche donc ces hauts fonctionnaires de réitérer de telles décisions irrationnelles.
Les habitants Noirs de la vallée du fleuve Sénégal dénoncent depuis plusieurs années leurs difficultés, dans cette partie du pays, à accéder au registre de l'état civil dans les bureaux de cette institution, et donc de pouvoir ensuite prouver leur identité et leur citoyenneté en tant que Mauritaniens.
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Commentant les critiques qui fusent ces derniers jours sur les réseaux sociaux, Lo Gourmo, figure de l'opposition mauritanienne, et vice-président de l'Union des forces de progrès (UFP) écrit: «la direction de l’état civil a annulé les recrutements scandaleusement tribalistes décriés par l’opinion. C’est une goutte d’eau dans l’océan des injustices sociales que subissent des catégories entières de citoyens en raison de leur identité raciale, ethnique, tribale, de caste, de genre... Toutes les victimes doivent apprendre à être solidaires en exigeant de l’Etat et ses agents le respect des règles de transparence, de mérite et d’égalité de tous».
Ce leader politique revendique la refondation d’un Etat, le système existant, selon lui, «risque de dévorer la société à force d’être manipulé par des lobbies».