Mauritanie: l'ex-président Ould Abdel Aziz entendu par la police suite à une plainte des députés

L'ancien président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz.

L'ancien président mauritanien Mohamed ould Abdel Aziz. . DR

Le 08/05/2021 à 09h06, mis à jour le 08/05/2021 à 09h29

Mohamed ould Abdel Aziz a été entendu le jeudi 6 mai 2021 par la police judiciaire suite à une plainte des députés accusés par l'ancien président d'avoir perçu 300 millions d'ouguiyas (environ 700.000 euros) pour créer une Commission d’enquête parlementaire sur sa décennie de gouvernance.

Mohamed ould Abdel Aziz, l'ancien chef de l'Etat mauritanien, de 2008 à 2019, continue à occuper la scène médiatique près de 2 ans après avoir cédé le fauteuil présidentiel à Mohamed Cheikh El Ghazouani, ami de 35 ans et frère d’armes pendant leur carrière d’officier.

Une présence devant les projecteurs liée à une affaire politico-judiciaire dont les ramifications lui valent une nouvelle plainte déposée par les députés suite à des accusations de corruption à travers un entretien publié par l’hebdomadaire Jeune Afrique, il y a quelques semaines.

Les députés auraient perçu 300 millions d’anciennes ouguiyas (700.000 euros) pour approuver la création de la Commission d’enquête parlementaire (CEP) dont le rapport de plus de 800 pages sur la gouvernance de la décennie est la base des poursuites contre Mohamed ould Abdel Aziz.

Entendu par la police judiciaire suite à une plainte des députés, jeudi 6 mai dans l'après-midi, l’ancien homme fort de Nouakchott a maintenu ses accusations. Il a persisté et signé, selon plusieurs organes de presse locaux.

"Cette histoire est connue de l’opinion publique. La liste des bénéficiaires de cette opération est aussi connue. Il existe un enregistrement audio du vice-président de l’Assemblée nationale, Hamadi ould Meimou, dans lequel il explique le mode opératoire suivant lequel tout est réglé, le mécanisme de distribution des 300 millions d’anciennes ouguiyas", rapporte le journal en ligne Zahra, citant une source policière.

Devant la réplique de l’enquêteur lui demandant la base sur laquelle il soutient que la voix dans l’audio incriminé est bien celle du vice-président de l’Assemblée nationale, l’ancien chef de l’Etat continue sur la même lancée "je connais parfaitement sa voix, il a travaillé avec moi".

Hamadi ould Meimou, actuel vice-président de l’Assemblée nationale, fût ambassadeur dans le Golfe et ministre des Affaires étrangères sous le magistère Aziz. Face à des accusations "graves", les députés ont constitué un collectif d’avocats qui a déposé une plainte pour "diffamation".

C’est sur la base de cette plainte que l’ancien président de la République a été auditionné jeudi après-midi par les limiers de la police judiciaire.

Le rapport d’enquête parlementaire à la base des poursuites contre l’ex-chef de l’Etat porte sur l’attribution de 109 marchés publics dans les domaines de l’énergie, des infrastructures, la gestion de la Société nationale industrielle et minière (SNIM), la gestion du Fonds national des revenus des hydrocarbures (FNRH), une concession portuaire, la liquidation d’entreprises publiques, le foncier à Nouakchott.

Mohamed ould Abdel Aziz est poursuivi et placé sous contrôle judiciaire en même temps que 12 dignitaires de son régime.

Ils doivent répondre à un chapelet d’infractions: "corruption, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, abus de fonctions et trafic d’influence, octroi d’avantages indus dans des marchés publics, recel de produits de crime, entrave au fonctionnement de la justice, dissipation de biens publics immobiliers et mobiliers, perception d’avantages matériels indus auprès d’une institution publique".

Par Amadou Seck (Nouakchott, correspondance)
Le 08/05/2021 à 09h06, mis à jour le 08/05/2021 à 09h29