Cameroun: les médias privés réclament leur part de la taxe sur l’audiovisuel

Des journaux dans un kiosque de Yaoundé, Cameroun.

Le 08/04/2025 à 13h09

VidéoLa redevance audiovisuelle est au centre d’une vive polémique au Cameroun. De nombreux experts du domaine de la communication aimeraient la voir bénéficier aux médias à capitaux privés contrairement à la pratique actuelle qui la limite à l’Office national de radio et télévision du pays.

«Les radios et télévisions à capitaux privés exercent les mêmes services publics que celles à capitaux publics. Par conséquent, elles doivent toutes bénéficier des mêmes avantages». Ce sont là les propos de Jean-Philippe Obassa, expert et consultant en communication et notamment de l’audiovisuel.

Jean-Philippe Obassa répondait à la question de savoir si après 20 ans de la libération de l’audiovisuel au Cameroun, l’on devrait encore fait une différence entre les médias publics et les privés. Pour lui, aucune différence entre les deux du moment où tous les médias ont les mêmes objectifs, ceux d’informer, d’éduquer et de divertir. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il soutient avec la dernière énergie le reversement de la redevance audiovisuelle à tous les médias.

Cette posture est soutenue par de nombreux promoteurs de ces radios et télévisions à la quête permanente des ressources matérielles et financières pour le bon fonctionnement de leurs entreprises. Joseph Angoula Angoula est le promoteur de la radio urbaine Sky One qui émet à partir de Yaoundé: «Nous bricolons. Nous avons régulièrement des problèmes d’émetteurs et de maintenance du matériel, sans compter la masse salariale. Je vous avoue qu’en nous reversant une partie de la redevance, je pourrais améliorer le fonctionnement de ma radio», a-t-elle déclaré.

La redevance audiovisuelle se chiffre actuellement à plus de 17 milliards de Fcfa par mois. Cette somme est entièrement reversée à l’office national de radio et télévision composé de la Crtv télévision et Crtv radio. Il s’agit d’une taxe payée par les salariés des secteurs public, parapublic, privé et par les personnes morales redevables de la contribution des patentes. C’est l’ordonnance du 12 décembre 1989 qui institue cet impôt au bénéfice exclusif de l’office national de radio et télévision du pays.

Le Cameroun compte actuellement près de 100 chaines de radios et une cinquantaine de télévisions à capitaux privés dont 95% exercent dans le régime de la tolérance administrative pour faute de licences d’exploitation dont le coût est de 100 millions pour les télévisions, 50 millions pour les radios urbaines et 25 millions pour les radios communautaires. Certains de ces médias comme les tabloïdes bénéficient chaque année de l’aide publique à la communication privée.

Par Jean-Paul Mbia (Yaounde, correspondance)
Le 08/04/2025 à 13h09