Reconnu coupable de «contrefaçon», «faux en écriture», «usage de faux», «propagation de faux bruits», «transmission d’un message erroné», Stanis Bujakera est condamné à «six mois de servitude pénale principale et à une amende de 1 million de francs congolais (soit 400 dollars)», a déclaré dans la soiré le président du tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe, Busangu Tata Kayenga.
L’organisation pour la liberté de la presse Reporters sans frontières (RSF) a salué lundi «la liberté bientôt retrouvée de Stanis» en rappelant que, selon elle, «il n’aurait jamais dû être arrêté, poursuivi et condamné» dans ce qu’elle estime être «un dossier (...) monté de toutes pièces contre lui».
Dans un communiqué, le journal en ligne Actualite.cd, dont il est directeur de publication adjoint, a rappelé être «fermement convaincu de (son) innocence», et estime que «cette condamnation est une atteinte à la liberté de la presse qui reste aujourd’hui menacée» en RDC.
Me Jean-Marie Kabengela, un des avocats du journaliste a déclaré lundi après le rendu de la décision que «dès que le paiement de l’amende (sera) effectué, (...) notre client va recouvrer sa liberté».
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Et de préciser que «demain (mardi), nous allons faire les formalités pour qu’il sorte, (...) en attendant d’envisager de faire appel».
Correspondant à Kinshasa du magazine Jeune Afrique, Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre, et jugé depuis octobre, pour un article, non signé de son nom, incriminant les renseignements militaires dans la mort de Chérubin Okende, retrouvé mort, le corps ensanglanté, le 13 juillet dernier dans sa voiture.
A l’issue du procès, à raison d’une audience toutes les deux ou trois semaines, le parquet avait requis 20 ans de prison contre ce journaliste.
«Un procès politique»
Les juges ont statué contre cet avis lundi, évoquant des «circonstances atténuantes» du fait que M. Bujakera n’avait jamais été condamné auparavant par la justice.
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Ils ont cependant maintenu qu’il est l’auteur d’un «faux rapport» sur ce dossier, et estime que le journaliste voulait «jeter le discrédit» sur les institutions de la République démocratique du Congo.
Stanis Bujakera était accusé «d’avoir fabriqué et distribué» une note des renseignements civils incriminant les renseignements militaires dans l’affaire Okende.
Le 29 février, le parquet avait annoncé que «l’autopsie» et «les expertises» avaient établi que l’opposant Chérubin Okende s’était «suicidé», loin de la thèse de l’assassinat avancée par son parti qui s’était aussitôt indigné d’un «déni de justice».
«Quel que soit le verdict», a déclaré lundi Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED (Journaliste en danger) à Kinshasa, «l’histoire retiendra que ce journaliste était innocent de toutes les accusations portées contre lui», et que «le procès de Stanis Bujakera était un procès politique».