M. Ramaphosa, 71 ans, s’est adressé jeudi en début de soirée aux deux chambres du Parlement au Cap, après une cérémonie d’ouverture grandiose incluant un déploiement d’apparat militaire, pour marquer l’ouverture de la nouvelle législature.
«Nous sommes déterminés à améliorer le bien-être de notre pays et de sa population grâce à une croissance inclusive, à la création d’emplois et à la réduction de la pauvreté», a-t-il notamment déclaré.
Il a également cité la lutte contre la cherté de la vie et la réduction de la bureaucratie parmi les objectifs de son administration.
«Nous allons augmenter massivement les investissements dans les infrastructures grâce à une approche plus globale et intégrée», a-t-il déclaré.
Il a également ciblé «la bureaucratie» qui «affaiblit la création d’emplois», ajoutant: «Tous les ministères et toutes les entités publiques ont reçu l’ordre de réduire les charges réglementaires excessives qui empêchent les entreprises de créer des emplois».
Plombé par plusieurs scandales de corruption et un mauvais bilan économique pendant le précédent mandat de Cyril Ramaphosa, le Congrès national africain (ANC), anciennement présidé par Nelson Mandela, a perdu la majorité absolue au Parlement pour la première fois en 30 ans à l’issue des élections législatives du 29 mai, ne recueillant que 40% des suffrages et ne conservant que 159 sièges de députés, sur un total de 400.
Lire aussi : Afrique du Sud: le parti UAT se retire du gouvernement d’unité nationale
Un résultat qui reflète d’une désillusion croissante des Sud-Africains depuis l’établissement de la démocratie en 1994, avec un taux de chômage record de 33%, des taux de pauvreté et de criminalité élevés et un accès irrégulier aux services de base tels que l’eau et l’électricité.
Coalition
Après des semaines de difficiles négociations, l’ANC a formé une coalition gouvernementale avec 10 autres groupes, s’alliant avec le centre droit, notamment le premier parti d’opposition l’Alliance démocratique (DA, 87 sièges), ce qui, selon certains analystes, devrait rassurer les investisseurs.
Au Parlement, le gouvernement de coalition devrait recevoir un accueil houleux de la part de l’opposition de gauche uMkhonto weSizwe (MK), dirigé par l’ancien président Jacob Zuma, et du parti des Combattants pour la liberté économique.
Arrivés respectivement en 3e et 4e positions en mai, ces deux partis se sont associés à trois autres groupes plus petits au sein d’une alliance anticapitaliste disposant de 102 sièges.
Les dirigeants de l’alliance de l’opposition ont déclaré jeudi à la presse que, parmi leurs priorités, figuraient l’expropriation des terres appartenant aux Sud-Africains blancs en vue de leur redistribution et la nationalisation de la banque nationale et des mines.
Lire aussi : Afrique du Sud: Le nouveau gouvernement face aux enjeux de l’heure
Le chef de l’opposition au parlement, John Hlophe (MK), a dénoncé une coalition au pouvoir destinée selon lui à «préserver le pouvoir actuel du capital monopolistique blanc dans l’économie», la DA étant encore largement perçue comme un mouvement blanc.
«Bonne volonté» durable?
L’ANC a conservé vingt postes ministériels, dont ceux des Affaires étrangères, de l’Economie, de la Défense, de la Justice, ainsi que les compétences en matière de police, au sein d’un gouvernement surdimensionné comprenant 32 ministères.
Six ministères sont désormais aux mains de la DA, qui était jusqu’ici très critique vis-à-vis de l’ANC. Son chef, John Steenhuisen, a été nommé ministre de l’Agriculture.
Le nouveau gouvernement, décrit par l’ANC comme d’unité nationale, a eu sa première réunion le week-end dernier, dans une atmosphère cordiale. Certains observateurs politiques prédisent néanmoins de futurs désaccords, par exemple sur la politique étrangère et la réforme nationale du système de santé chère à l’ANC, un parti de gauche, mais fustigée par la DA.
Chez cette dernière, John Steenhuisen a déclaré mercredi que le président devrait présenter «un programme des réformes» qui, «dans de nombreux cas, correspond à la politique de la DA lorsqu’il s’agit de débloquer l’investissement et la croissance économique et de permettre la construction d’un Etat compétent».