M. Gordhan avait quitté la vie politique après les législatives de mai pour se consacrer à sa santé et sa famille.
Il était hospitalisé depuis plusieurs jours, souffrant d’un cancer, a indiqué sa famille dans un communiqué.
Né en 1949 à Durban, ville portuaire de l’est de l’Afrique du Sud, il avait commencé la politique pendant ses études de pharmacie à l’Université de Durban-Westville, établissement alors réservé aux «Asians», les Sud-africains d’ascendance indienne, un des groupes de la classification raciale du régime d’apartheid.
Là, il rejoint le Natal Indian Congress, au sein duquel il participe à la lutte contre l’apartheid, ainsi qu’au sein de structures clandestines de l’ANC (Congrès national africain) de Nelson Mandela et de l’actuel président Cyril Ramaphosa.
Son activisme lui vaut plusieurs arrestations dans les années 1980. Au début des années 1990, il joue un rôle-clé dans les négociations menant à la fin de l’apartheid. En 1994, aux premières élections multiraciales en Afrique du Sud, il est élu député sous les couleurs de l’ANC.
Après avoir dirigé dix ans, jusqu’en 2009, les services fiscaux sud-africains, qu’il est crédité avoir transformé en administration efficace et crédible, Gordhan fut un pivot des gouvernements successifs de l’Afrique du Sud.
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Entre 2009 et 2017, deux fois ministre des Finances, il s’érige en champion de la lutte contre la corruption et entre en conflit ouvert avec le président Jacob Zuma, englué dans une longue liste de scandales financiers, lequel finit par le limoger un an avant d’être contraint à la démission.
S’exprimant d’un ton mesuré en public, mais dur en coulisse, Gordhan avait acquis une réputation de rigueur budgétaire et de combattant anticorruption.
«Nous avons perdu un dirigeant extraordinaire dont la personnalité modeste dissimulait la profondeur de l’intelligence, l’intégrité et l’énergie», a salué le président sud-africain Cyril Ramaphosa dans un communiqué.
Le dernier portefeuille de Gordhan a été celui des Entreprises publiques, auquel M. Ramaphosa l’avait nommé pour en déraciner la corruption et la gabegie. Mais pour beaucoup, il a échoué, laissant plusieurs entreprises publiques dans un état toujours calamiteux.
Selon sa famille, il a dit avant sa mort: «je n’ai aucun regret (...) nous avons apporté notre pierre à l’édifice».