«Il faut que les autorités nigériennes annoncent officiellement que la fermeture de leurs frontières terrestres fait exception au pétrole», a déclaré Patrice Talon, lors d’une conférence de presse.
«Une telle clarification serait susceptible de permettre un traitement juridique différencié du pétrole venant du Niger. A défaut de ce minimum, toutes formalités douanières de transit du pétrole restent légalement impossible entre le Bénin et le Niger», a ajouté le président béninois.
Les autorités nigériennes ont inauguré en novembre dernier un oléoduc géant qui permet l’acheminement jusqu’au Bénin voisin du pétrole brut extrait du gisement d’Agadem (sud-est) par la China National Petroleum Corporation (CNPC), une société pétrolière appartenant à l’Etat chinois.
Avec ce projet, le Niger entend porter sa production pétrolière à 110.000 barils par jour, dont 90.000 barils doivent être exportés via le port de Sèmè Kpodji.
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Mais le premier chargement de pétrole nigérien au port n’a eu lieu que le 19 mai, en raison des sanctions imposées à Niamey par l’organisation ouest-africaine Cedeao, à la suite du coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum en juillet 2023.
Les propos de Patrice Talon font suite à la prise de parole du ministre béninois des Mines mercredi, Samou Seïdou Adambi qui s’est rendu à Niamey à la demande de la société chinoise Wapco, partenaire du Bénin et du Niger pour la gestion de l’oléoduc.
Samou Seïdou Adambi était en déplacement afin de trouver «une porte de sortie» pour le chargement du pétrole nigérien au port de Sèmè Kpodji, mais également était «porteur d’un message» de Patrice Talon au général Abdourahamane Tiani, à la tête du Niger depuis son coup d’Etat en juillet 2023.
Ce dernier «n’a pas voulu (le) recevoir», a déclaré le ministre mercredi soir lors d’un point presse à Cotonou.
Selon Patrice Talon, le Niger «n’a apporté aucune réponse» aux préoccupations du Bénin.
«Je veux réaffirmer que le Bénin reste disponible à accorder toutes les facilités à la société Wapco pour l’acheminement effectif desdits équipements pour le Niger», a déclaré le président béninois.
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«Pour des raisons de sécurité, notre frontière reste encore fermée», a indiqué à l’AFP le Premier ministre nigérien Ali Mahaman Lamine Zeine, en marge des assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Nairobi, au Kenya.
Selon lui, le Bénin a «accueilli des soldats étrangers sur» son «territoire», des militaires qu’il soupçonne de donner une «formation» à des «terroristes».
Mi-mai, il avait déclaré que le Bénin abritait des bases françaises: «sur certaines d’entre elles, on entraîne des terroristes qui doivent venir déstabiliser notre pays», avait-il dit.
Or, selon le chef d’état-major des armées françaises, le général Thierry Burkhard, cité par le site du gouvernement béninois lors d’une visite en décembre, «il n’y a pas de base militaire française au Bénin».
«Nous sommes des frères, nous sommes des voisins. Mais nous avons un souci avec la hiérarchie, qui devrait prendre ses responsabilités» et «nous dire ce qu’ils veulent qu’on fasse», a ajouté M. Zeine. «Le Niger n’a jamais provoqué une crise».