Au lendemain de l’annonce du retrait des troupes françaises du Burkina, retrait effectif d’ici un mois, Paris a rappelé son ambassadeur Luc Hallade pour « consultations ».
Pour Athanas Boudo, Secrétaire à l’orientation et aux relations avec les partis politiques du mouvement citoyen « Front Patriotique », ce rappel est un pas de plus vers concrétisation de la souveraineté nationale du Burkina Faso.
« Le neuvième point de notre plateforme met un point d’honneur sur la souveraineté des États africains. Nous encourageons l’Etat du Burkina dans cette prise de décision », a-t-il affirmé.
Avec le précédent malien, la demande des autorités de la Transition du Burkina n’a rien d’étonnant, estime Albert Nagréogo, directeur de publication du magazine Libre info.
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« Il faut s’attendre à un scénario similaire à ce qui se passe au Mali. Sauf qu’au Burkina, il y a de la flexibilité, il y a un cadre d’échanges avec la France, et même que les autorités sont allées plus loin en précisant que cette demande de rappel de Luc Hallade n’est pas synonyme d’une rupture des relations diplomatiques avec la France» a-t-il indiqué.
Dans l’annonce du Quai d’Orsay, Paris a indiqué qu’il convoquait son ambassadeur pour consultation. Albert Nagréogo lui est persuadé que c’est une fin de mission pour Luc Hallade.
« Il faut trouver une sortie honorable pour l’ambassadeur en disant qu’on le rappelle pour consultations. C’est vrai que ça arrive par moment, mais dans ce cas, c’est la volonté du Burkina. Je suis persuadé que ce rappel pour consultations va aboutir à un remplacement de l’ambassadeur actuel du Burkina ».
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Athanase Boudo, par ailleurs ancien ambassadeur du Burkina à Ottawa, précise que techniquement Luc Hallade est toujours l’ambassadeur de la France au Burkina. Cependant, il pense «qu’à partir du moment où la notification a été faite, il serait difficile pour Luc Hallade de continuer à occuper son poste au Burkina».
Cette tension diplomatique entre Ouagadougou et Paris pourrait, selon des observateurs, avoir une incidence sur l’aide budgétaire accordée par l’Etat français au Burkina. En poste depuis septembre 2019, Luc Hallade avait récemment déclaré que «rester à Koudougou (la troisième ville du pays, ndlr) représentait un risque important».