Lors d’une rencontre à Ouagadougou avec des syndicats et des organisations de la société civile, le colonel Coulibaly a estimé que cette «coalition internationale» - dont il n’a pas cité les membres - et les «violations» de l’espace aérien burkinabè, étaient liées au rapprochement opéré par son pays avec la Russie depuis la prise du pouvoir par le capitaine Ibrahim Traoré, lors d’un coup d’Etat militaire le 30 septembre.
«Beaucoup de personnes pensent que ce sont les Russes qui nous guident», mais «les Burkinabè ne sont pas des enfants», a-t-il dit, affirmant que «la Russie ne nous dicte aucune loi» et «ne nous donne rien, nous luttons avec les contributions des Burkinabè à l’effort de guerre».
Comme l’avait déjà fait le capitaine Traoré, il a nié la présence de mercenaires du groupe russe Wagner au Burkina Faso, présents dans d’autres pays africains. «Il n’y a pas de Wagner ici», a-t-il dit.
Il a estimé que son pays «demande uniquement qu’on lui envoie des moyens». «Nous n’avons pas besoin qu’on nous envoie un seul militaire étranger, nous avons nos VDP», les Volontaires pour la défense de la patrie, supplétifs civils de l’armée.
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Lors de la même rencontre, le directeur de la justice militaire du Burkina Faso, le magistrat et colonel François Yameogo, a reconnu que «136 corps» avaient été inhumés la semaine dernière à Karma dans le nord du pays après un massacre perpétré par des hommes en uniformes militaires, selon des témoignages.
Depuis ce massacre le 20 avril, le bilan officiel faisait état d’une «soixantaine» de morts, alors que des organisations de défense des droits humains, annonçaient 136 morts à Karma - dont 50 femmes et 21 enfants - ainsi que onze morts dans d’autres villages proches.
Les ONG «pointent du doigt la responsabilité» de l’armée burkinabè «dans les meurtres» et le procureur de Ouahigouya (nord) a ouvert une enquête «en vue d’élucider» les faits et «interpeller toutes les personnes impliquées».
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«À ce jour, 12 personnes ont déjà été entendues, dont des victimes, dans le cadre de l’enquête (qui) suit son cours», a assuré le colonel Yameogo.
Selon un exposé fait par l’agence nationale du renseignement lors de la rencontre, «désorganisés» par les différentes opérations terrestres et aériennes menées par les forces armées burkinabè, «les terroristes font preuve de perfidie en commettant parfois des exactions habillés en tenue militaire du Burkina».
Le Burkina Faso, théâtre de deux coups d’Etat militaires en 2022, est pris depuis 2015 dans une spirale de violences jihadistes apparues au Mali et au Niger quelques années auparavant et qui s’est étendue au-delà de leurs frontières.