Le président et fondateur du Social Democratic Front (SDF, ou Front Social-Démocrate en français), premier parti d’opposition représenté à l’Assemblée nationale, est mort lundi peu avant minuit, a précisé le SDF dans un communiqué.
M. Fru Ndi avait été à trois reprises candidat malheureux contre M. Biya aux présidentielles de 1992, 2004 et 2011, arrivant à chaque fois en deuxième position.
Le SDF est le premier parti d’opposition représenté à l’Assemblée nationale élue en 2020, avec cinq sièges, mais il en avait 18 dans la précédente législature. Il a perdu de son influence ces dernières années face au tout-puissant Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) de Paul Biya, 90 ans et président du Cameroun depuis 1982.
Le SDF est régulièrement en proie à des crises internes et M. Fru Ndi, surnommé «le Chairman», y était très contesté par une frange de ses cadres ces dernières années, qui l’accusaient notamment, sans apporter de preuves toutefois, de s’être enrichi personnellement grâce au financement public des partis représentés à l’Assemblée nationale et de s’être fait «acheter» par le pouvoir soucieux d’«amadouer» l’opposition.
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Lors de la dernière présidentielle de 2018, M. Fru Ndi, déjà malade, avait poussé son second Joshua Osih, vice-président du parti, à se présenter à sa place mais c’est Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) qui était arrivé en deuxième position, reléguant le candidat SDF loin derrière, en quatrième position.
Depuis, M. Kamto, emprisonné neuf mois sans procès en 2019 pour des manifestations pacifiques contre le pouvoir de M. Biya, est devenu le principal opposant camerounais. Le MRC n’a pas d’élus à l’Assemblée parce qu’il a boycotté les législatives de 2018.
John Fru Ndi avait commencé en politique dans les années 1980 au sein du RDPC de M. Biya avant de fonder le SDF en 1990 quand le Cameroun a légalisé le multipartisme.
Il avait d’abord été marchand de fruits et légumes puis libraire.
Il était né en 1941 à Baba II, une commune limitrophe de Bamenda, alors située au coeur de la partie du Cameroun sous mandat britannique et anglophone qui sera intégrée, pour partie, en 1961, au Cameroun devenu indépendant de la France un an plus tôt.
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Bamenda est le chef-lieu de la région du Nord-Ouest. Avec le Sud-Ouest, elle est l’une des deux régions ensanglantées depuis plus de six ans par une guerre entre des groupes armés séparatistes anglophones et l’armée; les militaires ont été dépêchés massivement par Paul Biya, intraitable face aux velléités d’indépendance d’une partie de la minorité anglophone, qui s’estime ostracisée par la majorité francophone.
M. Fru Ndi, notamment en faisant participer son parti à tous les scrutins, n’a jamais soutenu l’idée de l’indépendance, ce qui lui a valu notamment d’être désigné comme un «ennemi» dans sa région par les séparatistes les plus radicaux.
Sa maison avait été incendiée et il avait même été brièvement kidnappé en 2019 par un groupe armé qui avait affirmé avoir voulu le convaincre de retirer les députés SDF de l’Assemblée nationale.
En 2019, M. Fru Ndi avait soutenu l’idée d’une solution fédéraliste avancée par les plus modérés des séparatistes mais rejetée par le pouvoir.
Les groupes armés comme les forces de l’ordre sont régulièrement accusés par l’ONU et les ONG internationales d’exactions et de crimes contre les civils dans les zones anglophones.