Condamnations en Tunisie: «Les conditions d’un procès équitable n’ont pas été respectées», estime Paris

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Le 23/04/2025 à 17h37

Le ministère français des Affaires étrangères a fait part mercredi de sa «préoccupation» après les condamnations prononcées par la justice tunisienne contre des personnalités accusées de «complot» contre le président, regrettant que «les conditions d’un procès équitable n’aient pas été respectées».

Un tribunal de Tunis a infligé samedi des peines allant jusqu’à 66 ans de prison lors de ce procès inédit intenté à une quarantaine de personnalités -politiciens, anciens ministres, avocats et hommes d’affaires- incluant des figures de l’opposition.

Des ONG se sont insurgées contre ce jugement. Bassam Khawaja, de Human Rights Watch (HRW), a dénoncé sur X un procès qui n’a «même pas fait semblant d’être équitable», et dont les accusations «ne reposent sur aucune preuve crédible». Les accusés ont annoncé qu’ils allaient interjeter appel.

«Nous avons pris connaissance avec préoccupation des lourdes condamnations prononcées en première instance à l’encontre de nombreuses personnes accusées de +complot contre la sûreté de l’État+, dont plusieurs ressortissants français. (...) Nous regrettons que les conditions d’un procès équitable n’aient pas été respectées», écrit le ministère français dans un communiqué.

«La France est attachée, en Tunisie comme partout dans le monde, au droit à un procès équitable, à une justice indépendante et aux libertés d’association, d’expression et de réunion. L’État de droit est partout la garantie du développement d’une démocratie stable et prospère», ajoute-t-il.

Lors de la dernière audience du procès vendredi dernier, les avocats se sont indignés de la décision du juge de mettre sa décision en délibéré sans réquisitoire ni plaidoiries de la défense. Les journalistes et diplomates étrangers étaient exclus de cette audience.

Sur la quarantaine de personnes condamnées, une quinzaine sont emprisonnées depuis deux ans, les autres sont en liberté ou en exil, comme l’intellectuel français Bernard Henri-Lévy, la militante et féministe tunisienne Bochra Belhaj Hmida et l’ex-cheffe du cabinet présidentiel, Nadia Akacha.

Depuis le coup de force du président Kais Saied à l’été 2021, par lequel il s’est octroyé les pleins pouvoirs, ONG et opposants dénoncent une régression des droits en Tunisie, pays où avait débuté le Printemps arabe en 2011.

En février, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme avait dénoncé la «persécution des opposants», qui font «l’objet d’accusations vagues après avoir vraisemblablement exercé leurs droits».

Par Le360 (avec AFP)
Le 23/04/2025 à 17h37