Côte d’Ivoire: «La diffusion de fausses infos est un délit», les autorités invitent les accros aux réseaux sociaux à partager ce rappel

Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et de l’Économie numérique.

Le 08/12/2024 à 08h36

VidéoÀ un an de l’élection présidentielle, prévue en octobre 2025, les autorités sont décidées à traduire devant la justice toute personne qui se serait rendue coupable de publication de fausses informations à travers les plateformes numériques. Une décision qui ne laisse pas les Ivoiriens indifférents.

Le cas Coulibaly Yaya a marqué l’opinion publique. Ce dernier avait affirmé il y a quelques semaines sur Facebook que 200 bébés morts avaient été retrouvés jetés à l’ancienne décharge d’Akouédo, à Cocody. Cette information grave, non vérifiée, s’est rapidement propagée sur les réseaux sociaux, provoquant une vague d’indignation et de panique. Cependant, les enquêtes menées par les autorités compétentes ont rapidement démenti ces affirmations.

Suite à son interpellation, ce dernier a été jugé et reconnu coupable de diffusion de fausses nouvelles portant atteinte à l’ordre public. La sentence a été prononcée par le tribunal de première instance d’Abidjan: six mois d’emprisonnement ferme assorti d’une amende de 500.000 FCFA. Ce verdict a pour objectif non seulement de sanctionner, mais également de sensibiliser la population à la gravité de tels actes.

«C’est une décision salutaire, vu que notre pays, bien que sorti de la crise, est encore très sensible à certaines situations, notamment les fakes news sur les réseaux sociaux. Lorsque l’Etat prend les tourteaux par les cornes en traduisant ceux qui sont impliqués dans ces activités de cybercriminalité, nous ne pouvons que le saluer», se réjouit Michaël Blaoua, opérateur économique.

En 2022 déjà, la police rappelait sur les réseaux sociaux que «la diffusion des fausses informations conduit en prison. Les troubles ainsi que les atteintes aux personnes et aux biens, constituent des circonstances aggravantes.»

Certains citoyens, comme Konin Jacques, chauffeur de taxi à Treichville, estiment que la mesure doit s’accompagner de sanctions exemplaires pour dissuader les récidivistes. «Ce monsieur qui a menti sur Akouédo a été condamné à six mois de prison et 500 000 FCFA d’amende. C’est bien, mais il faut que ces peines soient connues de tous. Sinon, d’autres vont continuer à diffuser des bêtises», insiste-t-il.

Dans l’optique d’amener les utilisateurs à utiliser sainement internet, l’Etat de Côte d’Ivoire hausse le ton. Toute personne diffusant de fausses informations encourt désormais des poursuites judiciaires. Cette mesure, visant à freiner la propagation des fake news est saluée par les Ivoiriens. Ils estiment qu’elle permettra de responsabiliser les usagers du numérique et de préserver la paix sociale.

Dans cette même veine, l’Etat à travers le ministre de la Communication et de l’Economie numérique, a lancé, en août dernier, une campagne de sensibilisation du public à l’utilisation responsable des réseaux sociaux dénommée «En Ligne Tous Responsables», en vue de répondre aux nouveaux défis que présentent les réseaux sociaux et des outils numériques en termes de sécurité, d’éthique et de protection de la vie privée.

«J’exhorte les citoyens à utiliser les médias sociaux pour le développement positif du pays afin d’assurer l’unité et la coexistence pacifique de tous les citoyens. Plus qu’un plan, notre stratégie est un appel aux cœurs et aux esprits de chaque Ivoirien à prendre part à cette ode à la responsabilité, à l’innovation et à l’unité. Nous sommes convaincus que cette mesure aura un impact significatif sur la manière dont les réseaux sociaux sont perçus comme une utilité», exprimait Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et de l’Économie numérique.

Dans un contexte sociopolitique parfois tendu, la désinformation constitue une menace pour la stabilité sociale. Les fausses nouvelles, qu’elles soient liées à des événements politiques, sociaux ou sanitaires, peuvent attiser des tensions et semer le trouble au sein de la population. L’on espère qu’avec des sanctions dissuasives, les Ivoiriens réfléchiront à deux fois avant de publier ou relayer des informations non vérifiées.

«Cette décision est bonne, mais il faut que cela soit bien encadré. Il ne faudrait pas qu’on accuse à tort des gens qui ne savaient pas qu’une information était fausse», explique Béké Oséas, étudiant à Cocody. La Côte d’Ivoire compte 7 millions d’utilisateurs actifs sur les réseaux sociaux avec un taux de pénétration de 23,9%.


Par Emmanuel Djidja (Abidjan, correspondance)
Le 08/12/2024 à 08h36