Le président français Emmanuel Macron est arrivé mercredi en début de soirée dans la capitale gabonaise, où il participera jeudi à la deuxième et dernière journée du One Forest Summit, en présence d’une dizaine de chefs d’Etat et de gouvernement de la région.
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies à l’hôtel Radisson, situé sur le bord de mer, où le coup d’envoi du sommet a été donné par Lee White, ministre gabonais des Eaux et Forêts, et la secrétaire d’Etat française Chrysoula Zacharopoulou.
«La France va poursuivre et accélérer son effort (...) pour les forêts d’Afrique centrale», a-t-elle affirmé à la tribune, avant le lancement des conférences, réunions et discussions entre ministres, membres de la société civile et experts qui se sont déroulé tout au long de la journée.
L’événement, organisé à l’initiative de Macron et du chef d’Etat gabonais Ali Bongo Ondimba, se tient jusqu’à jeudi soir avec pour objectif d’améliorer la conservation des forêts dans le monde et de contribuer à la protection du climat et des espèces dans un contexte de dérèglement climatique.
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La promotion de «filières plus durables» pour les produits issus du bois ou de l’agroforesterie et la recherche de financements sont notamment au programme du sommet, qui entend également améliorer la coopération scientifique entre les trois grands bassins forestiers mondiaux: la forêt amazonienne, le bassin du Congo et les forêts tropicales d’Asie du Sud-Est.
Le sommet «n’aura pas pour objectif de faire adopter de nouvelles déclarations politiques», prévient l’organisation, qui souligne vouloir mettre en application les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat (2015) et la COP15 de Montréal (Canada) sur la biodiversité (2022).
Sont également attendus jeudi au sommet Denis Sassou-Nguesso (président du Congo-Brazzaville), Faustin Archange Touadéra (Centrafrique), Mahamat Idriss Déby Itno (Tchad) ou encore Teodoro Obiang Nguema Mbasogo (Guinée équatoriale). A noter cependant l’absence de dirigeants d’Amérique du Sud.
«Sonnette d’alarme»
Derrière l’Amazonie, le bassin du Congo est le deuxième massif forestier et poumon écologique de la planète, avec ses 220 millions d’hectares de forêts répartis à travers plusieurs pays, dont la République démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville et le Gabon.
Ce sommet, qui met l’accent sur les forêts du bassin du Congo selon les organisateurs, est «plus qu’important pour tirer la sonnette d’alarme» sur la gestion des écosystèmes forestiers, prévient Bonaventure Sonké, professeur à l’université de Yaoundé.
La forêt est l’habitat terrestre le plus riche en matière d’espèces et de biodiversité. Mais, selon les Nations unies, 10 millions d’hectares de forêts ont été détruits chaque année entre 2015 et 2020.
«Environ un tiers des espèces d’Afrique tropicale sont menacées d’extinction. Si l’on continue à ce rythme, cela va s’accroître. Dans la préservation, il faut penser que des êtres humains ont besoin de ces ressources, mais il faut aussi penser à les pérenniser», ajoute Sonké.
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Or, pour préserver «il faut connaître la ressource», intime-t-il. «On ne connaît pas assez ces forêts du bassin du Congo car elle ne sont pas suffisamment étudiées (...) Il n’y a pas de moyens financiers conséquents et nous avons de moins en moins de personnes formées pour le faire», contrairement à la forêt amazonienne «parce qu’on y a mis les moyens», assène-t-il.
Année électorale
Situé au cœur de la forêt tropicale d’Afrique centrale et couvert à 88% de forêts, le Gabon, qui accueille ce sommet, est le premier Etat africain à avoir été rémunéré pour la protection de ses forêts grâce aux crédits carbone. Un outil qui était au cœur des discussions de la COP27 sur le climat.
«On absorbe environ 100 millions de tonnes de CO2 net par an. Chaque seconde, le Gabon capte 3 tonnes de CO2. On est en bonne voie vers une économie durable», a assuré à l’AFP Lee White en marge de l’événement.
Le Gabon, dont un tiers de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2017, dit vouloir allier développement industriel et gestion durable de ses ressources naturelles pour sortir de sa dépendance au pétrole.
D’ici à 2030, le pays s’est engagé à sanctuariser 30% de son territoire en aires protégées (mer, terre et eaux douces).
Si l’organisation d’un tel sommet est jugée pertinente, la venue d’Emmanuel Macron - au début d’une tournée en Afrique centrale - est en revanche décriée par une partie de l’opposition politique et de la société civile, alors que le pays s’apprête à élire cette année un nouveau président.