Tirs et explosions ont encore secoué dimanche Khartoum, selon des témoins. Les violences, principalement dans la capitale et au Darfour, dans l’ouest, ont fait selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) plus de 420 morts et 3.700 blessés.
Deux avions militaires français transportant 200 personnes de différentes nationalités ont atterri à Djibouti.
L’Allemagne et l’Italie ont chacune évacué respectivement quelque 100 et 300 personnes du Soudan.
L’Egypte, grand voisin du nord, a quant à elle annoncé l’évacuation «par voie terrestre de 436 ressortissants».
Les violences ont déplacé des dizaines de milliers de personnes vers d’autres Etats du Soudan, ou vers le Tchad et l’Egypte.
Le pape François a appelé au «dialogue» face à la «grave» situation dans le pays, où, depuis le 15 avril, les deux généraux au pouvoir depuis leur putsch de 2021 se sont lancés dans une guerre sans merci.
«Morgues pleines»
Le Royaume-Uni et les Etats-Unis ont annoncé l’évacuation de leurs diplomates, avec leurs familles, quand la Turquie et d’autres pays ont indiqué qu’ils allaient tenter d’évacuer leurs ressortissants.
L’armée américaine «restera déployée à Djibouti pour protéger le personnel des Etats-Unis et d’autres personnes jusqu’à ce que la situation en matière de sécurité ne nécessite plus leur présence», a déclaré le président américain Joe Biden dans une lettre adressée dimanche soir au «speaker» de la Chambre des représentants.
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M. Biden a également fait savoir que «des forces supplémentaires sont prêtes à (être) déployées dans la région si nécessaire».
L’Agence américaine de développement (USAID) et le ministère irlandais des Affaires étrangères ont en outre chacun annoncé dans des communiqués séparés le déploiement d’une équipe d’intervention d’urgence.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a lui déclaré dimanche sur Twitter avoir «temporairement suspendu les opérations canadiennes au Soudan». «Nos diplomates sont en sécurité - ils ont été rapatriés et travaillent de l’extérieur du pays», a-t-il précisé.
A Khartoum, les cinq millions d’habitants craignent une intensification des violences après le départ des étrangers, dans leur ville privée d’eau courante et d’électricité, avec des réseaux téléphonique et internet souvent défaillants.
Les raids aériens de l’armée et les tirs de canon des paramilitaires ont déjà détruit ou obligé à fermer «72% des hôpitaux» dans les zones de combat, selon le syndicat des médecins.
Dans les rues, des lampadaires gisent au sol, des magasins incendiés fument encore. Ici, une banque a été éventrée. Là, malgré tout, un mécanicien tente de garder son échoppe ouverte au cas où un des très rares passants aurait besoin de ses services.
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La guerre ouverte qui frappe depuis plus d’une semaine le cœur de la capitale a achevé un système de santé déjà à genoux.
«Les morgues sont pleines, les cadavres jonchent les rues, même les hôpitaux qui traitent les blessés peuvent être forcés de tout arrêter à n’importe quel moment», raconte le docteur Attiya Abdallah, secrétaire général du syndicat des médecins, exténué.
Le conflit a éclaté le 15 avril entre l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane , dirigeant de facto du Soudan, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo , qui commande les très redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).
«Dans le noir»
Les deux généraux avaient pris le pouvoir avec un putsch en 2021 qui a brutalement interrompu la transition démocratique lancée à la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019.
Mais ils se sont divisés sur la question de l’intégration des FSR aux troupes régulières, après des mois de négociations politiques sous égide internationale.
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Alors que les deux camps se livrent aussi à une guerre de l’information, il est impossible de savoir qui contrôle les institutions du pays ou les aéroports et dans quel état ils se trouvent après avoir été le théâtre de violents combats.
Cette semaine, l’Aïd el-Fitr, qui marque la fin du ramadan, a eu un goût amer pour les habitants de Khartoum.
«On vit dans le noir: d’abord, on nous a coupé l’eau courante, puis on n’a plus eu d’électricité», se lamente l’un d’eux, Awad Ahmed Chérif.
Les conditions de vie sont probablement pires au Darfour, théâtre déjà d’un terrible conflit dans les années 2000, où personne ne peut se rendre dans l’immédiat. Sur place, un docteur de Médecins sans frontières (MSF) évoque une «situation catastrophique».
Au Soudan, troisième producteur d’or d’Afrique et pourtant l’un des pays les plus pauvres au monde, les services de santé sont à genoux depuis des décennies et un tiers des 45 millions d’habitants souffre de la faim.
L’arrêt des opérations de la plupart des organisations humanitaires va aggraver la situation. Et le conflit menace désormais de gagner du terrain au-delà des frontières du Soudan, selon des experts.