C’est la première fois que le parti nationaliste, arrivé 4ème aux dernières élections générales en 2019, participe à une élection nationale depuis la mort en septembre à 95 ans de son président-fondateur Mangosuthu Buthulezi, qui a dirigé le mouvement d’une main de fer pendant plus de 40 ans.
Et il doit faire face à de nouveaux défis dans la province du KwaZulu-Natal, la plus peuplée du pays et fief historique de l’ANC, au pouvoir sans interruption depuis 1994. Le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA), y fait des incursions et l’ancien président Jacob Zuma (2009-2018), qui a rallié un nouveau parti, compte une base encore puissante dans cette région où il est né.
L’heure était donc à la mobilisation générale dimanche avec un stade Moses Mabhida plein à craquer pour entendre le chef du parti, Velenkosini Hlabisa, dévoiler le manifeste de l’IFP. Cette impressionnante démonstration de force pourrait d’ailleurs constituer le point culminant de la campagne du parti.
«Au bord de l’effondrement»
«L’Afrique du Sud est au bord de l’effondrement, non pas à cause de notre peuple, mais parce que l’Afrique du Sud a été soumise à une mauvaise gouvernance, à un leadership faible et à la corruption», a lancé M. Hlabisa lors d’un long discours. «En 2024, dans toute l’Afrique, un appel se fait entendre: l’appel au changement».
Lors des élections de 2019, l’Inkatha Freedom Party avait obtenu 14 sièges à l’Assemblée nationale, qui en compte 400. Et peu de voix en dehors du KwaZulu-Natal. Dans l’assemblée provinciale, il est toutefois l’opposition officielle au Congrès national africain (ANC).
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Plusieurs partis d’opposition sont tentés de former une alliance pour détrôner l’ANC s’il tombe en dessous de 50% au niveau national, et un IFP même en perte de vitesse pourrait s’avérer influent dans les tractations post-électorales.
L’enjeu est de taille car, trois décennies après l’avènement de la démocratie et la fin de l’apartheid, l’ANC pourrait perdre sa majorité pour la première fois.
Le parti de l’icône Nelson Mandela est depuis des années éclaboussé par les scandales de corruption et voit son hégémonie de plus en plus contestée, dans un contexte de chômage endémique et d’inégalités toujours plus grandes.
Le parti demeure toutefois une redoutable machine électorale et peut encore compter sur le soutien de nombreux Sud-Africains qui se souviennent avec fierté de son rôle crucial dans la lutte contre le régime ségrégationniste.
Pendant que le chef de l’IFP lançait sa campagne, le président Cyril Ramaphosa, qui avait attiré lui aussi une foule impressionnante au stade de Durban en début de mois, faisait campagne à Johannesburg et dans ses environs, dans le Gauteng.
La seule province qui compte plus de voix et de membres à l’Assemblée que le KwaZulu-Natal.
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«Nous devons mettre l’Afrique du Sud au travail. Nous devons augmenter le nombre de personnes avec un emploi et réduire le nombre de chômeurs», a-t-il déclaré dans un discours prononcé dans une église, après un bain de foule. «Nous voulons également nous attaquer au coût élevé de la vie».
De son côté, l’ex-président Zuma a fait campagne au Cap (sud), auprès de fidèles d’églises évangéliques. «Cela fait 30 ans... mais la tristesse et la pauvreté sont désormais le quotidien de la majorité», a-t-il souligné.
Les quelque 27,5 millions de Sud-Africains inscrits sur les listes électorales doivent voter le 29 mai pour renouveler leur Parlement, qui désignera ensuite le prochain président.