Ce sommet aura a lieu à Dar es Salaam, capitale économique de la Tanzanie, a précisé la présidence kényane, qui dirige actuellement l’EAC, dans un contexte de fortes tensions entre Kinshasa et Kigali après que le groupe armé M23 et ses alliés des forces rwandaises ont pris Goma, la grande ville de l’est de la RDC, et continué de progresser dans la région.
Selon la présidence kényane lundi, MM. Tshisekedi et Kagame participeront samedi à Dar es Salaam à un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des États d’Afrique de l’Est (EAC) et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
Sur fond de craintes d’un embrasement régional, les 16 pays membres de l’organisation régionale d’Afrique australe avaient réclamé vendredi «un sommet conjoint» avec les huit pays de la Communauté de l’Afrique de l’Est, dont le Rwanda est membre.
Depuis la prise de Goma la semaine dernière, au prix d’affrontements meurtriers et d’une dégradation d’une situation humanitaire déjà catastrophique, le M23 a avancé vers la province voisine du Sud-Kivu, menaçant sa capitale Bukavu.
Le bruit des armes a cessé à Goma, tandis que l’incertitude a gagné le Sud-Kivu.
Selon une source locale à Bukavu interrogée par l’AFP, la ville «reste pour l’instant calme» mais des informations laissent penser que le M23 se «réorganise avec des renforts et des acheminements d’armes pour sans doute aller au front maintenant que les combats ont pris fin à Goma».
Dans ce contexte, le président sud-africain a réitéré lundi son soutien «au peuple de RDC», en réponse à des critiques dans le pays sur la participation de l’Afrique du Sud à la mission de la SADC, déployée depuis 2023 dans le Nord-Kivu.
Quatorze soldats sud-africains y ont été tués ces dernières semaines.
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«La mission prendra fin en fonction de la mise en œuvre de diverses mesures de confiance et lorsque le cessez-le-feu auquel nous avons appelé prendra racine», a déclaré Cyril Ramaphosa.
«La vérité»
Le retrait de la mission de la SADC (baptisée SAMIDRC) est exigée par Paul Kagame, lequel estime qu’elle n’est «pas une force de maintien de la paix» et n’a «pas sa place dans cette situation».
La porte-parole du gouvernement rwandais, Yolande Makolo, a d’ailleurs vivement réagi aux propos de Cyril Ramaphosa.
«Vous ne soutenez pas le peuple de RDC pour parvenir à la paix (...) Dites s’il vous plaît à votre peuple la vérité concernant l’intérêt personnel dans les mines que vous avez en RDC - ce sont ces intérêts pour lesquels, malheureusement, des soldats sud-africains meurent», a-t-elle dit sur X.
L’est de la RDC est riche en ressources naturelles (notamment le tantale et l’étain, massivement utilisés dans les batteries et les équipements électroniques, et l’or) et Kinshasa accuse Kigali de vouloir les piller. Le Rwanda nie et affirme vouloir éradiquer de la région des groupes armés, notamment créés par d’ex-responsables hutu du génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, qui menacent selon lui sa sécurité.
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Selon une chercheuse dans le secteur militaire en Afrique du Sud, Lindy Heinecken, 1.300 soldats de la SADC sont en RDC, dont environ 1.000 Sud-Africains, les autres venant de Tanzanie et du Malawi.
A Kinshasa, la situation dans l’est inquiète et mobilise les communautés.
Lors d’un rassemblement religieux dans l’enceinte du parlement, qui a réuni lundi plusieurs milliers de personnes, le chef des Eglises de réveil de RDC, l’évangéliste Evariste Ejiba, a lancé cette mise en garde: «Dans les 72 heures, s’il n’y a pas de sanctions claires et ciblées» contre le Rwanda et le M23, «on va faire des marches pour exiger la fermeture de certaines chancelleries».
Les Etats-Unis ont par ailleurs annoncé lundi réduire encore la présence de leur personnel à l’ambassade de Kinshasa. Ils avaient déjà annoncé la semaine dernière le départ de leurs employés non essentiels après des attaques d’ambassades dans la capitale congolaise, dont la leur et celle d’autres pays accusés d’inaction face aux avancées du M23 et rwandaises dans l’est.