« Maseko a été tué par balle la nuit dernière par des hommes armés inconnus à son domicile. Les assassins lui ont tiré dessus par la fenêtre alors qu’il se trouvait dans la maison avec sa famille », a précisé Sikelela Dlamini, secrétaire général du Swaziland MultiStakeholder Forum (SMF), une coalition de partis d’opposition, d’associations et d’églises que M. Maseko avait fondée.
L’avocat reconnu, qui écrivait aussi des tribunes pour défendre les droits de l’Homme, avait engagé une procédure judiciaire contre le roi Mswati III pour avoir rebaptisé le pays Eswatini par décret, affirmant que c’était contraire à la constitution.
En 2014, M. Maseko et le journaliste Bheki Makhubu ont été emprisonnés après avoir critiqué le système judiciaire pour sa partialité et son manque d’indépendance. Inculpés, ils avaient été condamnés pour outrage à magistrat.
L’assassinat de Thulani Maseko survient quelques heures après le défi lancé par Mswati III à l’opposition.
A l’issue d’une cérémonie consistant à désherber des champs royaux, pour marquer la nouvelle année, il a affirmé, soutenu par ses guerriers vêtus de tenues traditionnelles: « Les gens ne devraient pas se plaindre de mercenaires qui les tuent. Ces gens ont commencé la violence en premier, mais lorsque l’Etat les réprime pour leurs actions, ils font beaucoup de bruit en accusant le roi Mswati ».
La semaine dernière, le Réseau de Solidarité du Swaziland (SSN, opposition) a accusé le roi d’avoir engagé des mercenaires, principalement des Afrikaners blancs de l’Afrique du Sud voisine, pour aider les forces de sécurité à étouffer une opposition croissante.
Le porte-parole du gouvernement, Alpheous Nxumalo, avait démenti ces accusations: « Aucun tueur à gages n’a été engagé ».
Petit pays enclavé, l’Eswatini est gouverné depuis 1986 par Mswati III, critiqué pour un train de vie extravagant et régulièrement accusé de violations des droits humains.
Le roi, qui peut dissoudre le Parlement, le gouvernement et nommer ou démettre les juges, commande aussi la police et l’armée. Les partis politiques, théoriquement autorisés, ne peuvent pas participer aux élections. Les prochaines sont prévues cette année.
En juin 2021, des manifestations pro-démocratie avaient fait plusieurs morts.