Les deux parties ont évalué «les actions menées jusqu’à présent sur la mise en œuvre des accords de paix de Pretoria et de Nairobi» et ont discuté des questions qui «nécessitent une plus grande attention», a indiqué l’Ethiopian Broadcasting Corporation (EBC), la radio-télévision d’Etat.
Redwan Hussein, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre, a confirmé sur Twitter que le chef du gouvernement et d’autres responsables avaient rencontré une délégation de l’ex-rébellion «à propos des progrès du processus de paix».
«En conséquence, le Premier ministre a pris des décisions sur l’augmentation des vols (vers le Tigré), sur les services bancaires et sur d’autres questions qui renforceraient la confiance et faciliteraient la vie des civils», a-t-il ajouté.
La guerre a ravagé durant deux ans le Tigré.
L’accord de paix du 2 novembre à Pretoria, en Afrique du Sud, prévoit notamment un désarmement des forces rebelles, le rétablissement de l’autorité fédérale au Tigré et la réouverture des accès et communications vers cette région coupée du monde depuis mi-2021.
Sur des photos diffusées sur la page Facebook de l’EBC, Abyi Ahmed est entouré du vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères Demeke Mekonnen, du chef des forces armées Birhanu Jula et, du côté de l’ex-rébellion, de Getachew Reda, porte-parole tigréen, ainsi que du général tigréen Tsadkan Gebretensae.
Dans un entretien à l’EBC, le porte-parole de l’ex-rébellion a précisé que les entretiens avaient notamment porté sur la reprise du secteur bancaire et sur le transport par route vers le Tigré.
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«De la part des responsables comme du peuple tigréens, il n’y a aucun intérêt à un retour à la guerre», a-t-il insisté.
La rencontre a eu à Halala Kela, dans le sud du pays.
Les combats avaient débuté en novembre 2020, quand le Premier ministre éthiopien a envoyé l’armée arrêter les dirigeants du Tigré qui contestaient son autorité depuis des mois et qu’il accusait d’avoir attaqué des bases militaires fédérales.
Depuis l’accord de Pretoria, les combats se sont arrêtés.
Le 26 décembre, une délégation du gouvernement éthiopien, en présence notamment de Redwan Hussein et de plusieurs ministres, s’est rendue à Mekele, capitale de la région du Tigré, pour une première visite officielle depuis plus de deux ans, marquant une étape majeure dans le processus de paix.
Quelques jours plus tard, le 29 décembre, la police fédérale éthiopienne a fait son entrée à Mekele, une première depuis 18 mois, notamment pour «garantir la sécurité des institutions».
Début janvier, la compagnie aérienne Ethiopian Airlines a repris les vols commerciaux entre Addis Abeba et Mekele, une première depuis 18 mois.
Exactions
Malgré l’accord de paix, les rebelles continuent de dénoncer des «atrocités» commises par l’armée érythréenne et les forces de la région éthiopienne de l’Amhara, qui ont épaulé l’armée fédérale dans le conflit.
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Les accès au Tigré étant restreints, il est impossible de vérifier de manière indépendante la situation sur le terrain, notamment la présence des forces érythréennes. Asmara n’a pas participé aux négociations de Pretoria.
Le bilan précis de ce conflit jalonné d’exactions, qui s’est déroulé largement à huis clos, est inconnu. Le centre de réflexion International Crisis Group et l’ONG Amnesty international l’ont décrit comme étant l’«un des plus meurtriers au monde».
La guerre a également déplacé plus de deux millions de personnes et placé des centaines de milliers de personnes dans des conditions proches de la famine, selon l’ONU.
Dans le même temps, le gouvernement éthiopien s’est lancé dans une offensive diplomatique pour stopper les travaux d’un organisme soutenu par l’ONU chargé d’enquêter sur les droits humains dans le pays.
Le ministre des Affaires étrangères a eu des entretiens avec notamment les ambassadeurs des Etats-Unis et du Royaume-Uni pour demander la fin du mandat de cette commission d’experts, qualifiée de «politiquement biaisée», ont rapporté vendredi les médias d’Etat.
En septembre, ces experts avaient dans un rapport destiné au Conseil des droits de l’homme de l’ONU indiqué que des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité avaient probablement été commis, de la part de toutes les parties belligérantes, lors de la guerre au Tigré.