Ghana: des députés boycottent le Parlement après l’arrestation d’une figure clé de l’opposition

Le parlement ghanéen.

Le 30/05/2025 à 10h19

Des dizaines de députés de l’opposition du Nouveau Parti Patriotique (NPP) au Ghana ont boycotté jeudi les travaux du Parlement pour dénoncer la détention prolongée de Bernard Antwi Boasiako.

M. Boasiako, plus connu sous le nom de chairman Wontumi, figure clé du bastion du parti dans la région d’Ashanti, est retenu depuis 48 heures au bureau des crimes économiques et organisés (EOCO) à Accra, la capitale, selon les députés du NPP.

Il est visé par une enquête pour exploitation minière illégale et pour des irrégularités financières présumées liées à la Banque d’Export-Import du Ghana (EXIM Bank).

Les députés de l’opposition ont marché du Parlement jusqu’au siège de l’EOCO, promettant de rester devant les locaux jusqu’à la libération de Bernard Antwi Boasiako.

«Tant que l’EOCO ne prendra pas la bonne décision, nous, du NPP, protesterons en nous abstenant de siéger au Parlement et en le rejoignant. Nous allons tous dormir là-bas avec lui», a déclaré Alexander Afenyo-Markin, deputé et figure influente du parti aux médias.

Il a précisé que cette protestation ne vise pas à entraver la justice.

«Faites votre travail, mais respectez la loi», a-t-il ajouté, qualifiant les conditions de mise en liberté sous caution de M.Boasiako fixées à 50 millions de cédis (4,3 millions d’euros) «scandaleuses» et «déraisonnables».

Le chairman Wontumi a été arrêté mardi, après avoir répondu à une convocation de la police.

«Il a coopéré avec les enquêteurs et s’est présenté volontairement. Pourquoi le détenir comme un criminel? Sa détention prolongée, sans clarté, porte atteinte à l’État de droit» , a indiqué à l’AFP on avocat Andy Appiah-Kubi.

La mobilisation en soutien à Bernard Antwi Boasiako a rassemblé plusieurs partisans du NPP, principalement des jeunes, qui ont bloqué les rues proches des locaux de l’EOCO avec des pneus, scandant des slogans réclamant sa libération.

La police est rapidement intervenue pour disperser la foule et rétablir le calme, a constaté un journaliste de l’AFP.

L’ancien vice-président et candidat du NPP à la présidentielle, Mahamudu Bawumia, a publié mercredi un communiqué critiquant le manque de transparence autour de cette affaire.

«Aucun Ghanéen, quelle que soit son affiliation politique ou son statut ne devrait jamais être privé de ses droits constitutionnels», a-t-il déclaré.

La société de M. Boasiako, Akonta Mining, est dans le collimateur des autorités depuis plusieurs années pour des activités minières présumées illégales dans des réserves forestières protégées.

En avril, le ministère des Terres et et des Ressources naturelles a révoqué sa licence minière pour violations environnementales.

Cette affaire alimente les tensions politiques dans l’une des démocraties les plus stables d’Afrique de l’Ouest et soulève des questions sur l’impartialité des efforts dans la lutte anti-corruption sous l’actuelle administration du président John Mahama.

Par Le360 Afrique (avec AFP)
Le 30/05/2025 à 10h19