Guinée, an 3 du putsch: les militaires toujours face aux aspirations citoyennes

Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.

Le 06/09/2024 à 13h32

Cela fait trois ans que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) s’est emparé du pouvoir. Les attentes des Guinéens restent nombreuses alors que les militaires se sont engagés à quitter le pouvoir à la fin de cette année.

Selon que l’on soit proche des autorités actuelles ou opposant, le 5 septembre 2021 est une date diversement appréciée. Pour le CNRD, c’est l’anniversaire de sa troisième année au pouvoir, alors que pour les Forces vives, c’est surtout une date qui marque le début d’une période difficile. Pour marquer cette journée, ce forum d’opposants qui appellent au retour de l’ordre constitutionnel, ont appelé les Guinées à manifester.

Sekou Oumar, un habitant de Conakry rencontré à Sonfonia, est favorable à ce mot d’ordre, «nous devons sortir pour manifester pour la libération de nos activistes Foniké Mengué et Billo Bah et tant d’autres. J’espère bien c’est une lutte loyale, une lutte idéale. Moi je suis pour cette manifestation pour la libération de nos frères qui restent introuvables».

Foniké Mengué et Billo Bah, militants du Front national pour la défense de la Constitution, ont été arrêtés le 9 juillet 2024 à Conakry, leurs familles disent ne pas connaître leur lieu de détention.

Ce jeudi 5 septembre, des pickups de la gendarmerie et de la police sont postés dans les endroits réputés chauds de la capitale guinéenne.

Nombreux sont ces citoyens qui se disent peu satisfaits du bilan du CNRD. C’est le cas de Souleymane Keita qui note une petite avancée, «ce que le CNRD a apporté pour le pays pendant ces trois ans, c’est l’amélioration des routes. C’est vrai, on avait des routes mais elles étaient endommagées et c’est grâce à l’arrivée du CNRD qu’on a de très belles routes».

A noter qu’une femme a été tuée par balle pendant des affrontements entre la police et des manifestants mercredi, selon une source policière. La victime a été touchée alors qu’elle se trouvait dans un taxi et que des bagarres faisaient rage dans le quartier de Sonfonia, au Nord de la capitale Conakry.

À la tête du pays, Mamady Doumbouya, ancien lieutenant-colonel, s’était engagé à organiser une «transition inclusive et apaisée» et à quitter le pouvoir après l’élection d’un gouvernement civil avant la fin de l’année 2024. Un engagement qui semble difficile à respecter.

Par Mamadou Mouctar Souaré (Conakry, correspondance)
Le 06/09/2024 à 13h32